L'ACTU.
Après avoir décollé depuis Kourou en Guyane le 14 avril 2023, à bords d'Ariane 5, la sonde Juice (pour Jupiter Icy Moons Explorer) a entamé un long voyage de 800 millions de kilomètres vers Jupiter. La sonde de l'Agence spatiale européenne tourne autour de la Terre ce mardi 20 août pour reprendre de l'élan. Cette assistance gravitationnelle permet, grâce à la force d’attraction de la Lune et de la Terre, de changer sa trajectoire, d'économiser du carburant et de prendre de la vitesse.
Si tout se passe bien, Juice refera cette manœuvre millimétrée en août 2025 autour de Vénus, puis reviendra deux fois en périphérie de la Terre en 2026 et 2029, pour arriver (enfin) vers Jupiter en 2031.
L'objectif de cette mission n'est pas d'étudier la planète massive, mais trois de ses quatre lunes qui recèlent de l'eau sous leurs surfaces glacées. Au total, la sonde de l’Agence spatiale européenne survolera 32 fois Europe, Ganymède et Callisto, avec pour objectif de détecter la présence d’eau liquide, et donc de potentielles zones habitables.
L'ARCHIVE.
« Face à ces nouvelles photos de Jupiter, les scientifiques du monde entier doivent désormais oublier un certain nombre d'idées reçues ». La plus grosse planète du système solaire, (avec ses 139 822 kilomètres de diamètre, elle pourrait contenir 1 300 Terres), est longtemps restée un véritable mystère pour les astronomes du monde entier. En tout cas, jusqu'en janvier 1979, avec les premières images prises de la planète. Des images extraordinaires de l'astre qu'un journaliste décrivait dans l'archive ci-dessous comme un « œuf de Pâques », avec une énorme « tache rouge extrêmement curieuse ».
La mission Pioneer 10, lancée en mars 1972, avait déjà survolé Jupiter en décembre 1973, la sonde de 60 kilos était restée à une altitude de 130 00 km n'envoyant que des images de médiocre qualité à la Nasa.
La sonde Voyager 1, qui pourtant n'était qu'à « un peu moins de 60 millions de kilomètres » et ne devait la survoler que le 5 mars 1979, envoyait déjà des images qualifiées de « fantastiques », surprenant les spécialistes. Les clichés montraient que l'astre était gazeux, sans sol solide, composé essentiellement d'hydrogène.
Jupiter : les premières photos prises par la sonde Voyager I
1979 - 01:20 - vidéo
Le programme d'exploration Voyager (les sondes 1 et 2), lancé en août 1977, avait pour objectif d'étudier le système solaire externe, avec le survol et l'étude des planètes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, ainsi que 48 de leurs lunes. Les sondes Voyager 1 et 2 transportaient des enregistrements de sons et d'images de la Terre, stockés sur des plaques en or et en cuivre.
Une planète et des lunes surprenantes
Comme prévu par les experts de la Nasa, Voyager 1 parvenait aux abords de Jupiter début mars 1979. Le 7 mars 1979, la sonde envoyait vers la Terre des images extraordinaires de la planète géante prises à 20 000 km de la planète. Parmi les révélations de Voyageur 1 : l'existence d'un anneau d'une trentaine de kilomètres d'épaisseur. Rien de moins.
L'archive en tête d'article dévoile ces clichés, les premiers jamais pris de la géante gazeuse et de ses quatre satellites : Europe, Io, Ganymède, Callisto. Ces images bouleversaient toutes les idées reçues et les hypothèses émises par les scientifiques. L'astre offrait « une allure beaucoup plus étrange et d'une étonnante variété », précisait le commentaire.
Juice, qui devrait arriver vers Jupiter en 2031, doit se concentrer sur ses lunes. Europe, Ganymède et Callisto ont pour particularité d'être des lunes glacées. Sous la glace se trouvent des océans. C'est le sous-sol de ces lunes que Juice et ses instruments scientifiques vont observer, avec l'espoir de découvrir, qui sait, des traces de vie extraterrestre. Un espoir que nourrissait déjà l'équipe de la mission Galileo en septembre 2003 alors qu'ils préféraient détruire leur sonde en l'écrasant sur Jupiter plutôt que de risquer de contaminer d'éventuelles traces de vie sur ses satellites.
L'archive en tête d'article consacrait un long développement à ces lunes photographiées, elles aussi, par Voyager 1 : Io apparaissait comme une « boule jaune orangé avec des pics, des plaines et des vallées », Europe était « striées de longues zébrures brunes », Ganymède mêlait « striures et figures spiralées brillantes » et sur Callisto « seulement quelques taches claires ». En regardant ces images, un géologue américain avait avoué : « Le rythme auquel nous apprenons est terrifiant ! »
Parmi les lunes, Io, découverte par Galilée en 1610, fut celle qui étonna le plus les chercheurs en mars 1979, comme le raconte l'archive ci-dessous. Sur les clichés, ils avaient découvert cinq volcans, tous en activité. Les matériaux des cratères en éruption s'élevaient à 500 kilomètres d'altitude. Restait à expliquer pourquoi Io était l'astre le plus brillant du système solaire. Les scientifiques se demandaient s'il s'agissait d'une pellicule de sodium réfléchissante ou de ses nuages. Ils espéraient que les photos leur révèlent la solution.
Jupiter photographié par Voyager I
1979 - 01:07 - vidéo
Aujourd'hui, on sait que Io possède plus de 400 volcans actifs ce qui en fait l'objet le plus actif du système solaire. Ces volcans produisent des panaches de soufre et de dioxyde de soufre qui s'élèvent à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de la surface, puis recouvrent les vastes plaines de la lune d'une couche givrée de matériaux.