3 mars 1972. La sonde Pioneer 10 s'envole de Cap Canaveral en Floride pour un voyage sans retour qui doit la mener tout près de la planète Jupiter.
L'archive en tête d'article décrit la mission de la sonde américaine censée rejoindre la plus grosse planète du système solaire en deux ans et demi. Sa mission sera d'envoyer des informations sur la constitution de Jupiter dont on ne connait à l'époque que peu de choses comme le précise Michel Chevalet dans son commentaire : « Tout au plus sait-on qu'elle a une atmosphère faite de métal et d'ammoniaque et qu'en-dessous se dissimule peut-être un sol fait d'hydrogène liquide, avec au centre, un noyau d'hydrogène. »
Pionner s'envole sans beaucoup de bagages. Avec ses 250 kilos, l'engin est « un véritable poids plume ». A bord, 27 kilos seulement d’appareillages scientifiques. « Elle devait survoler Jupiter à 160 000 km d’altitude aux alentours de Noël 1973 », précise le journaliste. Contrairement aux sondes suivantes (à partir de Pioneer 11), elle ne devait pas envoyer de photos (des images étant trop lourdes), mais seulement « quelques indications sur l’atmosphère, la température et la surface de la planète ».
Il était prévu qu'après sa rencontre avec la géante du système solaire, Pioneer 10 la contourne, et grâce à un effet boomerang, soit éjecté dans l'espace. Sachant que la sonde serait la première à partir explorer les confins de l’univers, les scientifiques avaient donc décidé d'y placer une sorte de carte de visite portant toutes sortes d'informations adressées à d’éventuelles civilisations extraterrestres rencontrées au cours de son périple. Il y avait dans ce disque d'or une carte de l’espace, avec la localisation de la terre dans le système solaire, des informations écrites en langage binaire, des croquis d’un homme et d’une femme symbolisant notre espèce, et « fin du fin, une main ouverte pour que les extraterrestres sachent que nous avons cinq doigts ». A cela s’ajoutaient des enregistrements de musique, des messages en plusieurs langues.
Une longévité imprévue
Grâce à Pioneer 10, on apprendra que Jupiter est en réalité une planète gazeuse. Plus tard, en approchant de Saturne, la sonde dévoilera qu'il y avait plus d'anneaux que prévu dans sa couronne. La vidéo ci-dessous date de 1983. Bien que le soleil soit trop éloigné pour l'alimenter en énergie, le générateur au plutonium de Pioneer 10 fonctionnait toujours, à la grande surprise des scientifiques, et elle répondait encore aux questions des astronomes de la NASA ! Fin avril, Pioneer arrivait aux abords de Pluton, encore méconnue, à la vitesse de 50 000 km/h. C'était la première fois qu'un objet fabriqué par l'homme s'aventurait aussi loin de la terre.
Pioneer 10 arrive vers Pluton
1983 - 02:09 - vidéo
En juin 1983, Pioneer 10 sortait du système solaire après avoir notamment évité des astéroïdes représentant une menace permanente entre Mars et Jupiter. L'archive ci-dessous revient sur toutes les informations découvertes grâce à cet explorateur cosmique.
Pioneer
1983 - 03:30 - vidéo
Le 3 avril 1997, après 25 ans, la NASA mettait un terme à la mission de Pioneer 10, devenue la plus ancienne sonde spatiale américaine. Les responsables de la NASA fermaient le « central téléphonique » qui leur permettait de dialoguer avec elle. La sonde était alors à 10 milliards de kilomètres, presque aux confins du système solaire.
Fin de communication avec la sonde Pioneer 10
1997 - 01:24 - vidéo
Mais Pioneer 10 n'avait pas dit son dernier mot. En mars 2002, pour les 30 ans de son lancement, des techniciens lui lançaient un nouveau signal sans trop y croire, la sonde se trouvant alors à 12 milliards de kilomètres de la Terre. Et ils obtenaient une réponse !
Pioneer répond toujours
2002 - 01:31 - vidéo
Le 26 février 2003, la NASA annonçait qu'elle avait définitivement perdu tout signal de Pioneer 10. Conçu pour fonctionner 21 mois et pour découvrir Saturne et Jupiter, elle avait finalement fonctionné 31 ans. Elle continuerait désormais à filer au-delà de notre système solaire. Si elle n'est pas entrée en collision avec un objet céleste, elle poursuit sans doute encore son exploration solitaire vers l'inconnu.
Sonde Pioneer 10
2003 - 01:23 - vidéo