L'ACTU.
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le président du Sénat Gérard Larcher ont annoncé organiser une grande marche civique transpartisane dimanche 12 novembre à Paris contre l'antisémitisme. Au lieu de réunir la classe politique, l'initiative se heurte au boycott de LFI et à la participation annoncée du RN jugée encombrante. «J'y participerai» et «j'appelle l'ensemble de nos adhérents et de nos électeurs à venir se joindre à cette marche», a lancé Marine Le Pen mercredi 8 novembre.
À gauche, le malaise domine. Le numéro un du PCF Fabien Roussel «ne défilera pas aux côtés» du RN, héritier du Front national fondé par Jean-Marie Le Pen «plusieurs fois condamné pour propos antisémites». Les socialistes, eux, jugent que «la présence du RN à cette marche est illégitime» au vu notamment des propos tenus dimanche 5 novembre par son président Jordan Bardella pour qui Jean-Marie Le Pen n'était pas antisémite.
Le cofondateur du FN a été condamné au moins à sept reprises pour antisémitisme en 1969, 1986, 1991, 1993, 1999, 2012 et 2018, selon Le Monde.
L'ARCHIVE.
L'une de ses condamnations les plus retentissantes remonte à la fin des années 80 après la désormais célèbre déclaration sur les chambres à gaz et le détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Le 13 septembre 1987 lors du Grand-Jury RTL - Le Monde, Jean-Marie Le Pen a en effet déclaré : « Je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé. Je n'ai pas pu moi-même en voir. Je n'ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». Dans la foulée, il a ajouté : « Si c'est un point de détail, je veux dire, de la guerre, oui... Enfin, écoutez. Voulez-vous me dire que c'est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire ? C'est une obligation morale ? Je dis qu'il y a des historiens qui débattent de ces questions... ».
Une déclaration qui avait sidéré à l'époque, la société dénonçant derrière ses propos un révisionnisme historique.
Deux jours plus tard, à l'Assemblée nationale, Jean-Marie Le Pen maintenait ses propos, accusant le « lobby de l'immigration, véritable syndicat anti-Le Pen, d'avoir monté contre moi, ce procès en sorcellerie ». « Mes ennemis, et avec quelle fureur, m'ont fait grief d'avoir dit que les chambres à gaz étaient un point de détail dans l'histoire de la Seconde guerre mondiale... et que j'aurais employé ce mot dans son acception péjorative... Il s'agit d'un procédé habituel du terrorisme intellectuel... Les camps de concentration où moururent par millions des juifs, tziganes, chrétiens et patriotes... Les méthodes employées pour mettre à mort constituèrent un détail, un chapitre, dans la 2e guerre mondiale, tel que le témoignent tous les ouvrages de l'histoire... qui aura la loyauté et le courage de reconnaître de s'être trompé... J'accuse le lobby de l'immigration, véritable syndicat anti-Le Pen d'avoir monté contre moi, ce procès en sorcellerie », déclarait-il, comme on peut le constater dans l'archive ci-dessous.
Jean-Marie Le Pen persiste sur les chambres à gaz
1987 - 01:59 - vidéo
Le 15 septembre, soit le même jour que la conférence de presse du leader d'extrême droite, l'historien René Rémond expliquait sur Antenne 2 à Patricia Charnelet en quoi les mots de Jean-Marie Le Pen étaient « fascisants » et « révisionnistes ». Selon lui, les propos exprimés « banalisent ce qui s'est passé durant la Seconde Guerre mondiale (...) il y a le refus de la vérité du génocide. Ce qui est choquant, c'est de considérer comme négligeable la mise à mort systématique, le massacre de plusieurs millions ».
René Rémond expliquait ensuite que dans le camp des révisionnistes, il n'y a pas eu des historiens, mais des polémistes. « Ils jettent le doute et sous prétexte qu'ils n'ont pas vu de témoins, ils se comportent en révisionnistes, et Le Pen se range dans le camp de ces révisionnistes », poursuivait-il. Une analyse à retrouver ci-dessous.
René Rémond sur Jean-Marie Le Pen et le détail des chambres à gaz
1987 - 03:19 - vidéo
Jean-Marie Le Pen fut condamné par la première chambre civile du Tribunal de Nanterre le 23 mai 1990 pour ces propos.