Délivrer un titre de séjour aux travailleurs étrangers dans les secteurs en tension est l’une des mesures du projet de loi immigration. Privilégier un immigré plutôt qu’un autre, ça s’appelle de l’immigration choisie. Et le premier à en avoir fait un argument politique, c’est Nicolas Sarkozy en 2005. « La question des quotas, c’est-à-dire une immigration choisie au lieu d’une immigration subie doit faire l’objet de débats approfondis », disait-il, employant le terme de « quotas » ! L'objectif : donner la priorité aux travailleurs dans les « métiers en tension ». Mais aussi à ceux plus qualifiés, c’est-à-dire les chercheurs et les universitaires.
Un choix assumé en 2005 par le tout nouveau ministre de l’Intérieur d'alors : « Nous allons choisir ceux qui ont vocation à s’installer en France plutôt que de le subir. »
Qu’en pense l’opposition ? Cette politique d’immigration est critiquée, voire même vouée à l’échec, selon Laurent Fabius, alors député PS. « Les quotas dans le monde n’ont jamais fonctionné. Quand on applique des quotas aux immigrés très qualifiés, en fait, on ne remplit pas les quotas. Et pour ceux qui ne sont pas qualifiés, les quotas sont toujours dépassés. »
Climat de crise
En 2006, Nicolas Sarkozy accélère pourtant. Il défend son projet de loi sur l’immigration à l’Assemblée nationale. Et voici la principale mesure : « C'est le point du projet qui crée le plus de polémiques. Ceux qui seront considérés comme les meilleurs, par exemple les chercheurs, seront favorisés grâce à un titre de séjour de 3 ans intitulé “compétences et talents” ». La loi est adoptée le 30 juin 2006. L’objectif : que l’immigration choisie représente 50 % des entrées migratoires en France d'ici à 2012. Mais cette politique atteint très vite ses limites.
Car pour avoir la carte de séjour, il faut justifier d’un bac +3 minimum, ou d’une expérience professionnelle d’au moins cinq ans. Et c’est sans compter la crise économique qui ne favorise pas les choses. En 2011, l’objectif de Nicolas Sarkozy était très loin d’être atteint, l’immigration professionnelle ne représentant que 14 % des entrées annuelles sur le territoire. Bien loin de l’objectif de 50 %.
Échec cuisant pour Nicolas Sarkozy. Résultat, en 2011, son ministre de l’Intérieur Claude Guéant a décidé de réduire l’immigration professionnelle. De 30 000 travailleurs sans papiers par an à 20 000. Autre mesure, la diminution des métiers dits en tension, passant de 30 à 15.