Des voix s’élèvent pour dénoncer les agressions sexuelles attribuées au Hamas lors de l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël. Des viols utilisés comme armes de guerre, une pratique médiatisées depuis les années 1990, comme l'indiquait déjà le journaliste Paul Amar dans le JT de France 2 le 8 janvier 1993 : « Les Serbes en guerre contre les Bosniaques violent fréquemment les femmes et les filles de leurs ennemis. Ce qui ajoute au crime, c'est que ces viols sont prémédités, programmés en quelque sorte, pour peupler la Bosnie d’enfants serbes. »
En janvier 1993, six mois après le début de la guerre en Bosnie, une mission d’enquête européenne menée en ex-Yougoslavie rendait ses conclusions. Au cœur du conflit opposant les Serbes, les Bosniaques et les Croates, le viol était déjà présenté comme une stratégie de guerre. Un rapport européen parlait alors de 20 000 femmes violées en ex-Yougoslavie. Un autre rapport de l’ONU mentionnait également 119 cas de grossesses issus d’un viol. L’information fut reprise dans les journaux et suscita des réactions.
Notamment celle de l’avocate Gisèle Halimi appelant à une prise de conscience internationale : « Avant toute négociation, la première chose à faire, c’est que tous les pays du monde discutent de l’arrêt des viols comme une condition préalable à toute autre négociation politique. En fait, on laisse les crimes se perpétuer, je ne dirais pas dans l’indifférence, mais dans l’impuissance et ça, c’est vraiment dramatique. », déplorait-elle le 8 mars 1993, dans le 12 h 45 de F3. Résultat, dès sa création, en 1993, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie incluait les violences sexuelles dans son champ de compétence.
Crimes et humiliation
Dans les années 1990, un autre conflit mettait en lumière l’utilisation du viol comme arme de guerre : le génocide rwandais. Parmi les victimes, des milliers de femmes et d’enfants. Une nouvelle fois, un rapport attestait des pires horreurs, estimant à 5 000 le nombre de naissances liées au génocide. En février 1995, la pédopsychiatre Catherine Bonnet décrivait les conséquences catastrophiques de ces actes tant au niveau psychologique que physique : « Il faut considérer le drame des femmes. La torture morale que cela représente d’être enceinte de celui qui a assassiné sa famille. »
Comme pour l'ex-Yougoslavie, le tribunal pénal international pour le Rwanda incluait les violences sexuelles dans son domaine de compétence. Cette instance a aussi reconnu le viol comme crime de génocide.
(NDLR : la vidéo en tête de cet artiste a été initialement réalisée et diffusée en décembre 2023)