L'incendie du 15 avril 2019 n'avait pas détruit le grand orgue, mais l'avait endommagé. Les poussières de plomb, notamment, responsables de l'encrassement massif des tuyaux. Il a donc fallu procéder à sa dépose et au nettoyage de l'instrument. Le 16 avril 2019, le lendemain de l'incendie, l'un des trois organistes titulaires de la cathédrale déclarait à l'AFP que « le grand orgue de Notre-Dame n'a pas été brûlé dans l'incendie qui a ravagé l'édifice, mais sa structure pourrait souffrir de dégâts infligés par le sinistre ».
Ce grand orgue qui s'élève sur la tribune de pierre au-dessus du grand portail ouest a déjà fait l'objet de nombreuses restaurations, notamment en 1992. Une rénovation de plus de deux ans, pour un montant de onze millions de francs, payé par le ministère de la Culture. « En 1992, il fait l’objet d’une restauration complète qui permet de restituer les sonorités symphoniques de l’orgue de Cavaillé-Coll tout en préservant les strates antérieures (XVIIe et XVIIIe siècles) et en associant les apports indéniables du monde contemporain. » (Source : Site officiel de Notre-Dame de Paris)
« Des sonorités nouvelles et très impressionnantes » Pollution, poussière et usure avaient été réparées, mais innovation, c'était l'informatique, avec « 7 ordinateurs couplés à ces grandes orgues du XVIIIE siècle ». C'est un orgue augmenté informatiquement fut inauguré le 4 décembre 1992, comme le montre l'archive disponible en tête d'article. La cérémonie se déroula en présence de Jack Lang, ministre de la Culture et de Monseigneur Lustiger. Une inauguration suivie d'un grand concert. Au programme du Messian résonnait sous les voûtes.
Avant le début du concert, Jack Lang remettait en grande pompe les clés de cet orgue 2.0 au cardinal Lustiger, sous forme de carte à mémoire, il déclarait : « Comme sorte de passeport vers la beauté, vers la spiritualité. Nous vivons une époque un peu particulière […] et je souhaite […] que ces orgues retentissent pleinement sous les voûtes de la cathédrale de Paris. »
Jack Lang remet au cardinal Lustiger les clés de l'orgue de Notre Dame de Paris
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Une nouvelle restauration
Vingt-deux ans après, il fallut à nouveau restaurer l'instrument classé monument historique. Et c'est en grande partie à cause de la forte fréquentation de la cathédrale. L'humidité qui se dégage de la respiration de chaque touriste fixe la poussière ambiante sur l'ensemble du mobilier, orgues compris – jusqu'à l'asphyxie. Un grand nettoyage des tuyaux, avec dépose devait donc débuter en 2011. En deux tranches (2011-2012) et (2013-2014). Au cours de la première campagne de restauration, il aura aussi fallu effectuer la réfection des transmissions électriques et le remplacement du système Synaptel de 1992 (non évolutif). L'installation d'une console neuve.
Durant la seconde campagne, le « système de motorisation des registres par vérins pneumatiques haute pression a été fourni en substitution aux machines de tirages de jeux de Cavaillé-Coll, mises hors service en conservation », pour citer Éric Brottier, technicien-conseil auprès du Ministère de la Culture et de la Communication, en charge du chantier. En parallèle, il procéda à la restauration complète des machines pneumatiques de tirages des notes, à la consolidation des tuyaux de façade, à la dépose et au nettoyage de l'ensemble de la tuyauterie de métal (et de la majeure partie des tuyaux de bois), et l'accordage général des 7 952 tuyaux. Des interventions menées par les ateliers de Bertrand Cattiaux et de Pascal Quoirin. Dans la vidéo à suivre, Pascal Quoirin, facteur d'orgue et Olivier Latry, organiste titulaire à Notre-Dame de Paris présentent le nouvel instrument.
L'orgue de Notre Dame
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UN PEU D'HISTOIRE.
Un premier grand orgue est sans doute construit à Notre-Dame au cours du XIIIe siècle. Au XIVe siècle, un orgue modeste est suspendu en "« nid d’hirondelle » sous une fenêtre haute de la nef. En 1401, il est décidé de construire un nouvel orgue sur la tribune de pierre au-dessus du grand portail ouest. Depuis cette date, 50 organistes se sont succédés aux claviers du grand orgue suspendu sous la rosace du couchant. Au fil des siècles, le grand orgue a pris de l'ampleur et a fait l’objet de multiples restaurations et reconstructions jusqu’à prendre, au XVIIIe siècle, les proportions qu’il possède à l'heure actuelle.
Sur le site officiel de Notre-Dame quelques détails sont donnés sur son évolution : « Le grand orgue échappe à la tourmente de la révolution, grâce sans doute à l’interprétation de musiques patriotiques telles que celles composées en 1792 par l’organiste Balbastre, auteur de variations sur La Marseillaise et l’air ça ira. En 1868, après les travaux du facteur d’orgues Aristide Cavaillé-Coll, initiés par l’architecte Viollet-le-Duc. Il trouve sa plénitude symphonique avec 86 jeux, sur 5 claviers et pédalier.
Louis Vierne, organiste de 1900 à 1937, le modifie à deux reprises et Pierre Cochereau, organiste de 1955 à 1984, l’augmente et le modernise de 1963 à 1975. Puis en 1992, il fait l’objet d’une restauration complète qui permet de restituer les sonorités symphoniques de l’orgue de Cavaillé-Coll tout en préservant les strates antérieures (XVIIe et XVIIIe siècles) et en associant les apports indéniables du monde contemporain.
Témoin authentique de plusieurs siècles de la musique et de la facture d’orgues françaises, le grand orgue de Notre-Dame de Paris est l’un des rares instruments français qui permettent de servir avec sincérité et émotion de nombreux répertoires et de susciter la création à travers la composition musicale et l’improvisation. » (Source : Site officiel de Notre-Dame de Paris)
Pour aller plus loin en vidéos
Crédits : Photo AFP. (Stéphane de Sakutin)
Concert de Noël à Notre Dame en 1943. Heinz Boeger aux grandes orgues, le chef Kurt Reinecker et l'ensemble des musiciens sont tous en uniforme de la Wehrmacht pour interpréter l'Oratorio de Noël de Jean Sébastien Bach, devant un public recueilli parmi lequel on remarque la présence de nombreux Allemands. (Archive de guerre, 1943)
En français dans le texte : point d'orgue. Visite chez Pierre Cochereau, organiste à Notre-Dame de Paris. Il raconte à Claude Rostand ses débuts à l'orgue et sa formation d'organiste. Puis dans la cathédrale, Pierre Cochereau présente l'orgue de Notre-Dame de Paris, datant de 1868. Il improvise un morceau sur le thème de Noël. (décembre 1959)
Journal de midi : Notre-Dame de Paris. Emission réalisée en direct interview de l'organiste Pierre Cochereau. Il joue un morceau au grand orgue de Notre Dame. L'organiste explique le fonctionnement de l'orgue, évoque les grands moments de Notre-Dame, le public. Interview de Bernard Thomas sur l'importance de la musique dans la liturgie. (1980)