L'ACTU.
Lundi 5 juin dans une tribune sur Franceinfo, onze associations ont alerté sur les manques d'eau à venir. Dans leur appel intitulé « Boire ou gaspiller, il faut choisir », elles appelent à « repenser urgemment nos usages en eau » pour plus de « justice sociale », alors que le rechauffement de la France renforce chaque année une crise de l'eau sur le territoire. Et d'interroger : « Qui aura alors accès à l’eau ? L’ensemble de la population ou une classe de privilégié-es ? Et pour quels usages ? L’arrosage de golfs et le fonctionnement de complexes hôteliers avec piscines et spas ou les potagers des particulier-ères ? Des stations de lavage de voitures individuelles ou des fontaines rafraîchissantes pour tou-tes pendant les épisodes de canicule ? »
LES ARCHIVES.
La répartition des ressources en eau, comme chaque sujet de tension sociale, a ses symboles. Parmi lesquelles, les golfs. Leurs pelouses vertes en période de restrictions laissent entrevoir des inégalités dans l'accès à l'eau. Comme à l'été 1991, où, en pleine sécheresse, le golf d'Arc en Barrois, en Haute-Marne, faisait « des vagues » comme l'annonçait le présentateur de France 3 Reims dans l'archive en tête d'article. « Il y a apparement deux poids deux mesures. Alors que les habitants gèrent la pénurie et font des efforts, en revanche pas de restriction dans l'arrosage des greens », détaillait-il.
Une journaliste s'était rendue sur place et décrivait : « Ici aussi, la sécheresse a frappé. Témoin, ce gazon parfois jauni. Ici, pourtant on continue d'arroser, une dizaine de mètres cubes d'eau sont directement pompés chaque nuit dans la rivière. C'est quatre fois moins qu'en période normale et l'arrosage est strictement réservée au green. Un pompage de survie selon les responsables du golf. Impossible de respecter pour les consignes de restriction sans mettre en jeu l'avenir du golf. » Ce que confirmait Christian Arnut, directeur du Golf Club : « On fait le strict minimum mais si on respecte ça, c'est-à-dire si on arrose plus du tout : on meurt. C'est-à-dire pas de pluie, pas de golf, pas de golf, y a quand même 17 personnes qui travaillent ici, on est obligé de fermer. »
Qui doit pouvoir utiliser l'eau en priorité ?
Dans les villages alentours, l'argumentaire du directeur ne prenait pas. La rivière, l'Aujon, était à sec et les images montraient des poissons morts. Le président du syndicat d'Alimentation en eau local, Alain Vesaigne, s'insurgeait, pointant un accaparement de la ressource en eau : « Ça nous parait grave parce qu'on puise dans l'eau de l'Aujon, on puise sans autorisation, ce qui est parti de la rivière ne sert plus aux autres usagers. » Robert Fournier, vice-président du syndicat, renchérissait : « Le chantage à l'emploi a toujours lieu dans ces cas-là, en réalité, un chef d'entreprise qui crée un golf doit faire en sorte de ne pas exposer ces employés à ces choses-là, c'est le créateur qui est responsable ».
À l'époque, l'amende en cas de non respect des restrictions n'était que de 70 francs, selon la journaliste, et la législation datait de plusieurs dizaines d'années. Elle n'était « pas forcément adaptée au problème du golf ».
L'arrosage du golf de Tourrettes en question
2005 - 01:50 - vidéo
Près de quinze ans plus tard, la question d'un « deux poids deux mesures » en matière de restrictions d'eau était de nouveau soulevée. Cette fois-ci, c'était au golf de Tourrettes, dans le Var.