« La petite ville de Mielan est le centre d’une région agricole où l’aviculture est reine et traitée sur un plan vraiment industriel. » La musique est virevoltante, le ton enthousiaste. En 1962, l’élevage industriel, dans le montage d'archives ci-dessus de poules pondeuses, apparaît comme un progrès génial. Et pour cause : avec l’explosion démographique liée au baby boom, il faut produire plus pour nourrir plus.
Le journaliste présentait fièrement ces milliers de poussins élevés en batterie. Et certains ingénieurs ont des rêves encore plus extravagants pour l’avenir : « Les poules seront élevées par bandes de 50 ou 100 000 dans de grandes usines à faire des œufs où la plupart des opérations d’élevage seront mécanisées ». Cette émission de 1966 entendait présenter aux français le futur de l’élevage. René Péro, chercheur de l’INRA : « On pourra introduire dans l’alimentation des poulets des produits qui lui donneront à la demande de la clientèle le goût de framboise ou de noisette, de pintade ou de faisan, si ça fait plaisir au consommateur. ».
Un début de remise en question du modèle agricole français
Si le « poulet goût framboise » relève toujours de la science-fiction, l'industrialisation s'est belle et bien généralisée. Mais quelques années plus tard, changement de discours : des éleveurs sont confrontés à des difficultés nouvelles. Dans l’industrie du porc en Bretagne, notamment. « Nous avons été fidèles aux consignes du gouvernement, on nous a dit, "Produisez, produisez". Nous avons tellement bien produit que nous arrivons maintenant, peut-être pas à saturation du marché, mais à saturation du point de vue pollution. »
Pollution, mais aussi santé des consommateurs, qualité des produits et bientôt le bien-être animal s’invitait dans le débat. Malgré les alertes sur notre modèle industriel lancées dans les années 70, le secteur peine à se remettre en question. Aujourd’hui, l'élevage intensif concerne en France 8 animaux sur 10.