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Farida Khelfa dans «adn» : «La muse est une artiste»

Farida Khelfa dans «adn» : «La muse est une artiste»

Farida Khelfa, «c’est une star !». C’est ainsi que Jean-Paul Gaultier parle de sa «muse» dans une archive diffusée dans «adn». Celle qui a été mannequin vedette de Goude, Gaultier ou Alaïa revient sur cette époque où elle était le visage et le corps qui inspirait les créateurs.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 12.07.2024
 

« J’aime la mode », raconte Farida Khelfa. « J’ai été happée par la mode. Elle est belle, mais c'est aussi une "killeuse". Il n’y a rien de plus démodé que quelque chose qui est à la mode. »

Ces contradictions, ces tendances éphémères, c’est pourtant ce qui l’a passionnée dès le début.

Face à une archive de Dali évoquant sa femme, Gala, Farida Khelfa revient sur le terme de « muse » et celui de « pygmalion ». « Je pense que la muse est aussi une artiste. Elle crée avec l’artiste. S’il n’y a pas le modèle, il n’y a pas d’image. Et il n’y a pas d’art. »

Pourtant, elle-même ne se considère pas comme une créatrice. « Les couturiers prenaient quelque chose en moi et je ne m’en rendais pas compte. »

Haute bourgeoisie et banlieue

L’incroyable trajectoire de Farida Khelfa, fille d’immigrés algériens devenue star des podiums, s’est nouée sur les planches du Palace, la boite de nuit phare des années 1980.

Devant les archives de l’INA datées de 1981, elle redécouvre les looks et les visages célèbres – on y reconnaît Thierry Mugler ou encore Karl Lagarfeld – et les anonymes qui ont fait la légende du lieu. « Le Palace, c’était un endroit de grande mixité sociale » rembobine Farida Khelfa. « La haute bourgeoisie et la banlieue. 1 500 personnes chaque soir, un lieu de rencontre. C’est là que j’ai été repérée par Gaultier. »

La vie de Farida Khelfa, c’est aussi une double identité, une double culture, des deux côtés de la Méditerranée. Celle qui est aujourd’hui productrice regarde avec nostalgie Rachid Taha et Carte de Séjour interpréter Douce France en 1986. L’occasion pour elle de montrer son inquiétude dans un monde où les étrangers sont pointés du doigt : « On a besoin de l’immigration, des réfugiés, c’est l’ordre naturel de la Terre, de la survie de l’homme. Il y a quelque chose de très douloureux dans l’exil. »

« La honte » de la misère

Questionnée sur la polémique autour de la chanteuse Aya Nakamura pressentie pour interpréter une chanson d’Édith Piaf, Farida Khelfa fait un détour par l’histoire familiale de la Môme. « Elle a des origines Nord-africaines, il faut se renseigner ! »

La vie de Farida Khelfa, c’est aussi une ascension sociale hors-normes. Née dans une famille très modeste, elle grandit dans les tours de la ZUP des Minguettes à Vénissieux, près de Lyon.

« C’était un espoir fascinant quand, nous, les minorités, sommes arrivés à la ZUP. On a vu ces appartements déjà chauffés avec une cuisine et un balcon. C’était le super luxe. » Avant de déchanter. La famille s’enfonce dans la misère et les coups, avec un père ultra-violent et alcoolique. Elle évoque la « honte » d’être pauvre : « Cette phrase "On n’a pas d’argent", je l’ai entendue toute mon enfance. »

« Si je n’avais pas eu cette enfance-là, je ne sais pas si j’aurais eu la même vie », résume-t-elle.

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