L'ACTU.
Mardi 11 juin 2024, une déclaration inattendue d'Eric Ciotti au journal de 13h de TF1 a provoqué un tollé dans la classe politique et au sein de son propre parti. Le chef des Républicains a en effet annoncé que certains députés sortants LR devraient faire « une alliance avec le Rassemblement national » pour pouvoir conserver leur circonscription, « c'est ce que je souhaite et c'est, je crois ce que souhaite l'immense majorité de nos électeurs » a-t-il ajouté.
Ces propos rompent avec la ligne du parti de rejeter toute alliance avec l'extrême droite. Parmi les réactions fortes, celles de Gerald Darmanin : « Eric Ciotti signe les accords de Munich et enfonce dans le déshonneur la famille gaulliste en embrassant Marine Le Pen. Une honte ». Certains députés des Républicains ont annoncé leur choix de quitter le parti, alors que d'autres, comme le président du Sénat Gérard Larcher, se sont élevés pour demander la démission de leur président. Sa réponse a été claire, affirmant qu'il ne démissionnerait pas, « mon mandat, je le tiens des militants, et seuls les militants pourraient me l'enlever ».
De leur côté, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont salué cette démarche, soulignant un « choix courageux » et confirmant qu'ils soutiendraient les candidats issus des Républicains.
Cette annonce tranche avec la ligne conductrice du parti qui, jusqu'à présent, était de rejeter toute alliance électorale avec l'extrême droite. En septembre 2018, Eric Ciotti était interrogé sur France Inter sur ce sujet alors que deux membres du parti (Eric Tegnér et Thierry Mariani) appelaient à un rapprochement entre la droite et l'extrême droite pour les européennes.
L'ARCHIVE.
À l'époque, le député Les Républicains des Alpes-Maritimes s'estimait choqué par la réunion qu'Eric Tegnér avait organisée sur une péniche entre membres des LR et du RN. Il déclarait ne pas trouver cela « conciliable à terme avec l'appartenance à notre famille politique », mais relativisait aussi les faits, déclarant qu'il n'y avait pas de « délit d'opinion » dans leur mouvement. Une réponse « floue » que la journaliste tentait de lui faire préciser. L'homme politique se reprenait en parlant de « ligne rouge » à ne pas franchir. Pour lui, tous ceux qui seraient tentés par un rapprochement avec le « Front national (...) n'auront plus leur place » dans sa famille politique.
Sur le cas de Thierry Mariani, Eric Ciotti restait plus évasif en déclarant que l'intéressé n'avait pas exprimé les choses clairement. Il rappelait simplement la position, claire celle-là, de Laurent Wauquiez (président des Républicains de 2017 à 2019) qui était d'exclure toute personne souhaitant faire alliance avec le Front national : « Les choses sont claires : jamais d'alliance avec le Front national ! »
En conclusion, Eric Ciotti déclarait qu'il y aurait un débat. Il ajoutait : « nous sommes dans une famille libre, il n'y a pas de délit d'opinion, il n'y a pas de police de la pensée, mais si demain, une personne est sur une liste du Front national, s'il y a une alliance électorale avec le Front national, elle sera naturellement sanctionnée ».