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Jacques Chirac en 2002 : «Pas d'alliance avec le FN, quel qu'en soit le prix politique»

Jacques Chirac en 2002 : «Pas d'alliance avec le FN, quel qu'en soit le prix politique»

En 2002, Jacques Chirac avait refusé de débattre avec Jean-Marie Le Pen dans l'entre-deux-tours de la présidentielle. Aujourd'hui, le patron de LR, Eric Ciotti, milite pour «une alliance avec le RN» pour les législatives anticipées du 30 juin prochain.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 11.06.2024
 

L'ACTU.

Le président des Républicains (LR) Eric Ciotti a annoncé mardi 11 juin vouloir une alliance avec le Rassemblement national (RN) pour les élections législatives anticipées du 30 juin prochain. «Nous avons besoin d'une alliance, en restant nous-mêmes, (...) avec le Rassemblement national et avec ses candidats», a affirmé Eric Ciotti. Si l'accord se concrétise, ce sera le premier de ce genre en France entre la droite et l'extrême droite.

LES ARCHIVES.

En 2002, le candidat du RPR, ancêtre de LR, Jacques Chirac avait été opposé à Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. Ce fut un choc politique énorme pour toute la Nation. Dans l'entre-deux-tours, Jacques Chirac avait alors refusé, le 23 avril, de débattre avec le candidat d'extrême droite, arguant : «Face à l'intolérance et à la haine, il n'y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible. Il faut avoir le courage de ses convictions, la constance de ses engagements. Pas plus que je n'ai accepté dans le passé d'alliance avec le Front national et ceci quel qu'en soit le prix politique, pas plus que je ne l'ai accepté dans le passé, je n'accepterai demain de débat avec son représentant.»

Une position bien différente donc, aujourd'hui, de celle de sa famille politique historique.

Voici le verbatim d'un extrait de cette déclaration de Jacques Chirac :

« (...) Je veux saluer le formidable réflexe démocratique qu'exprime un si grand nombre de Français depuis dimanche. Nos compatriotes disent massivement leur attachement indéfectible à notre conception de l'homme, de sa responsabilité et de sa liberté.
La France veut défendre haut et fort l'honneur de la démocratie. Elle veut dire haut et fort que, par-delà toutes les différences entre les Français, par-delà l'opposition des projets entre la droite et la gauche, par-delà le nécessaire débat démocratique entre forces de l'alternance, tous, nous sommes réunis par la passion des droits de l'homme, par l'amour de la République, par l'exigence morale de la tolérance et du respect de l'autre.
Tous, nous sommes réunis dans l'appartenance à la Nation française par le refus de l'extrémisme, du racisme, de l'antisémitisme et de la xénophobie.
Tous, nous refusons les solutions simplistes, brutales, qui débouchent toujours, un jour ou l'autre, sur la violence d'Etat.
Tous, nous voulons dire notre refus de quitter l'Europe, car l'Europe c'est la paix, l'Europe c'est la démocratie, l'Europe c'est la liberté, l'Europe c'est la prospérité.
Tous, nous voulons dire le refus de toute discrimination et notre volonté de renouveler et de renforcer notre modèle d'intégration républicaine. (...) Autant je comprends l'angoisse des Français devant la montée de la violence et de l'insécurité, autant je comprends l'inquiétude devant les excès de la mondialisation et les risques de délocalisations qu'elle entraîne, autant je comprends le désarroi et la colère devant trop d'inaction et d'impuissance, autant je m'oppose avec détermination à ceux qui ne partagent pas l'exigence républicaine et les valeurs de la démocratie.
Je m'oppose avec détermination à ceux qui ne respectent pas les valeurs humanistes et la vocation universelle de la France.
Je m'oppose avec détermination à ceux qui brandissent la menace de la rue, qui agitent les spectres de la force brute, de l'irrationnel et du mépris.
La République ne transige pas quand il en va de l'essentiel, quand il en va de l'esprit et du c¿ur de notre pays.
La République ne transige pas quand l'âme même du peuple français est en question.
Ce combat est le combat de toute ma vie. C'est un combat moral.
Je ne peux pas accepter la banalisation de l'intolérance et de la haine.
Face à l'intolérance et à la haine, il n'y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible.
Il faut avoir le courage de ses convictions, la constance de ses engagements. Pas plus que je n'ai accepté dans le passé d'alliance avec le Front national et ceci quel qu'en soit le prix politique, pas plus que je ne l'ai accepté dans le passé, je n'accepterai demain de débat avec son représentant.
Tout au long de notre histoire, nous avons connu les virus de la division, nous avons connu l'engrenage de la violence et de la haine. Face à ces dangers, nous devons être vigilants, à l'écoute, ouverts au dialogue, ouverts au partage, soucieux de la souffrance des plus faibles, attentifs aux besoins des plus démunis, des exclus, de tous ceux qui ont le sentiment de ne pas être entendus et de ne pas trouver leur place dans la Nation.
Nous devons nous rassembler pour défendre notre bien commun, la démocratie, dans le respect des convictions de chacun, des sensibilités de chacun, des engagements de chacun.
Nous devons nous rassembler et nous devons aussi agir pour que reculent les causes mêmes de la peur et de la violence, pour balayer le terreau sur lequel prospère l'intolérance.
Je veux que cette élection présidentielle ne soit pas confisquée par l'obscurantisme, la haine, le mépris. Je ne veux pas que la Nation française cède au vertige de la peur.
(...) »

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