L'ACTU.
Le dimanche 9 juin, à l'issue des élections européennes, le RN mené par Jordan Bardella a remporté 31,36% des suffrages. Associé aux autres partis de l'extrême droite, l'ancien Front national approche des 40 %. Prenant acte des résultats, le président Emmanuel Macron s’est exprimé à 21 heures pour annoncer à la Nation sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale.
Avec cette stratégie, le président qui estime que le parti d’extrême droite est synonyme « de l’appauvrissement des Français et de notre pays », espère retrouver une majorité claire pour faire front au RN. Il décide donc de « redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote ». Une décision « grave, lourde, mais c’est avant tout un acte de confiance », a encore précisé le Président. « Cela vaut mieux que tous les arrangements, toutes les solutions précaires, c’est un temps de clarification indispensable. » « La France a besoin d’une majorité claire pour agir dans la sérénité et la concorde », a-t-il ajouté, avant d'appeler à voter les 30 juin et 7 juillet.
Le président redonne aux Français la responsabilité du choix de leurs représentants. Une petite musique qui résonnait déjà en 2022, lorsque à quelques jours du second tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait donné une interview à « Quotidien », sur TMC. Lors de cet échange avec le journaliste Azzeddine Ahmed-Chaouch qui lui demandait : « Si Marine Le Pen est élue, ce sera de la faute de qui ? », Emmanuel Macron avait répondu, « des Françaises et des Français (...) vous me faites rire, c'est la démocratie. »
L'ARCHIVE.
La question de la « banalisation » de l’extrême droite posée par « Quotidien » à Emmanuel Macron renvoyait aux engagements qu’avait pris le même Emmanuel Macron au soir de son élection, le 7 mai 2017. S’adressant à une foule réunie face à la Pyramide du Louvre, le tout nouveau chef de l’État s’adressait avec ces mots à ceux qui s’étaient portés sur son nom, tout en n’adhérant pas à ses idées : « Je veux aussi ce soir avoir un mot pour les Français qui ont voté pour moi sans avoir nos idées. Vous vous êtes engagés et je sais qu’il ne s’agit pas là d’un blanc-seing. Je veux avoir un mot pour les Français qui ont voté simplement pour défendre la République face à l’extrémisme : je sais nos désaccords, je les respecterai, mais je serai fidèle à cet engagement pris, je protégerai la République. »
Avant d’enchaîner avec ces propos qui seront compris comme un engagement à endiguer la progression de l’extrême droite en France : « Et je veux enfin avoir un mot pour ceux qui ont voté aujourd’hui pour Madame Le Pen [sifflets de la foule]. Ne les sifflez pas ! Ils ont exprimé aujourd’hui une colère, un désarroi, parfois des convictions, je les respecte. Mais je ferai tout durant les cinq années qui viennent pour qu’ils n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes. Ce soir, il n’y a que les Françaises et les Français, le peuple de France réuni, et ce que vous représentez ce soir au Louvre, c’est une ferveur, un enthousiasme, c’est l’énergie du peuple de France ! »
Alors que pour sa première participation au second tour d’une élection présidentielle, le Front national de Jean-Marie Le Pen n’avait recueilli le 5 mai 2002 que 17,79 % des voix face au président sortant Jacques Chirac, réélu avec 82,21 %, Emmanuel Macron avait quant à lui été élu au soir du 7 mai 2017 avec 66,10 % des voix, contre 33,90 % pour son opposante Marine Le Pen. Cette dernière, battue au second tour en 2022 avec 41% des suffrages, obtint néanmoins 89 députés au lendemain des élections législatives.