L'ACTU.
Depuis le 11 janvier, l’auteur de bandes dessinées Ariol, La Guerre d’Alan, Le Photographe, Emmanuel Guibert, a été nommé au fauteuil II de la section de gravure et de dessin de l’Académie des beaux-arts, un siège qu'occupait précédemment Pierre-Yves Trémois (1921-2020). L'auteur avait déjà était mis à l'honneur par l’Académie en 2020 à travers une exposition consacrée à son travail. Le sexagénaire a débuté sa carrière de dessinateur avec une œuvre grave sur la montée du nazisme, Brune (1992). Plus tard, il se lancera dans une série de biographies d'amis, mais dans un style plus épuré, notamment le parcours hors norme du photojournaliste Didier Lefèvre, en Afghanistan. Ce qui donna Le Photographe (2003-2006). Il revient sur la genèse de cette œuvre dans notre archive à découvrir en tête d'article.
L'ARCHIVE.
Le 27 janvier 2006, Olivier Barrot recevait Emmanuel Guibert dans son programme court « Un livre, un jour », pour évoquer son travail avec Didier Lefèvre. Il était né lors d'une après-midi où le photographe de guerre lui avait présenté des clichés pris lors d'une mission en Afghanistan en 1986, les commentant « au-dessus de son épaule ». De ce partage « extraordinaire » était née l'amorce d'un récit qu'Emmanuel Guibert avait souhaité « pousser au bout ».
Cette collaboration allait aboutir à un album, mêlant photos en noir et blanc et illustrations, pour raconter l’odyssée qui permit au photographe de rejoindre le Pakistan en empruntant « des cols hostiles ». « C'était un exploit physique démentiel », soulignait-il, ajoutant qu'il avait choisi de raconter cet épisode précis, la fin de cette mission que son ami avait achevée « seul, à cheval », au péril de sa vie : « C'est effectivement un calvaire que l'on raconte, un long voyage vers l'inconnu ou vers la mort », concluait-il, admiratif.