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1983 : à Dreux, pour les municipales, la droite s'allie à l’extrême droite

1983 : à Dreux, pour les municipales, la droite s'allie à l’extrême droite

Alors que certains membres des Républicains se laissent tenter par l’alliance avec le Rassemblement National, les archives de l’INA nous emmènent à Dreux en 1983. Pour des élections municipales partielles, la droite et le centre s’étaient alliés à l’extrême droite : une première dans une campagne électorale. À l'époque, il n’y avait pas eu de front républicain contre cette alliance.

Par Léo Brachet - Publié le 17.06.2024
 

Septembre 1983, à Dreux : la campagne pour les élections municipales partielles plaçaient sous les projecteurs le candidat du Front national, Jean-Pierre Stirbois.

Sa campagne tendait à lier immigration et insécurité, dans une ville où un habitant sur quatre est immigré. « Ce qui fait ma force, je crois, c'est que j’apparais, à Dreux en tout cas, comme celui qui dit tout haut ce que la majorité des Drouais pensent tout bas et je pense ainsi pouvoir catalyser les voix du ras-le-bol », affirmait alors la tête de liste FN.

Au soir du premier tour, coup de tonnerre. Fort de ses 17%, Jean-Pierre Stirbois devenait faiseur de roi entre une gauche et une droite au coude à coude. La liste de la droite et du centre décidait alors de s'allier avec l’extrême droite : une première dans une campagne électorale française. Au grand dam du candidat socialiste : « Il s'agit d’un combat entre ceux qui sont des Républicains et ceux qui par leurs méthodes, paroles, écrits risquent de porter atteinte à la République ».

Dreux sous les caméras

Dans l’entre-deux-tours, Dreux fit les gros titres et devint un enjeu national. En l’absence de front républicain, la liste d’union avec le Front national remportait l’élection le 11 septembre 1983. Des incidents éclataient à Dreux et une partie de la classe politique se montrait consternée.

Comme Pierre Mauroy, premier ministre socialiste : « Je crois que c’est un test politique sur l’attitude de la droite. D’abord, une poussée de ceux que je vais appeler les marginaux de la République, l’extrême droite, et l’alliance délibérée entre la droite classique qui n’a pas besoin de cette alliance ! »

La polémique continue d’enfler et dix jours après l’élection, Jacques Chirac, président du RPR, en remettait une couche : « Il me paraît actuellement beaucoup plus dangereux de soutenir une coalition qui comprend des communistes que de soutenir une coalition qui comporte au niveau de conseils municipaux, de communes de moyenne importance, des membres du Front National. »

Dans la foulée, Simone Veil était vilipendée par son camp. On lui reprochait sa prise de distances vis-à-vis de l’alliance avec le FN. Elle était même tenue de s'expliquer.

Cette élection à Dreux restera comme la première percée électorale du Front national en France.

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