L'ACTU.
Donald Trump a remporté une victoire sans appel face à Kamala Harris dans l'élection présidentielle américaine de 2024. Qui aurait cru que l'ancien président accusé et condamné dans plusieurs affaires judiciaires - l'affaire des paiements dissimulés de la campagne 2016, la tentative d'inversion des résultats en Géorgie en 2020 et le complot dans l'attaque du Capitole en 2020 ou recel de documents confidentiels - accéderait une nouvelle fois à la Maison-Blanche et à l'immunité. Cette élection représente une aubaine puisqu'elle va permettre au premier président de l’histoire du pays à avoir été condamné au pénal d'éviter temporairement la prison.
Sa chance insolente et sa victoire éclatante sont symptomatiques de la manière dont le milliardaire, qui a fait sa fortune dans l'immobilier, mène sa vie depuis les années 1990 : de challenges en échecs, de succès en banqueroutes, tel un phénix, le 47e président des États-Unis renaît toujours de ses cendres et surmonte tous les obstacles.
Les archives le montrent très bien. Elles dévoilent surtout comment l'adversité a façonné l'homme tenace qu'il est devenu.
LES ARCHIVES.
L'homme est né le 14 juin 1946 à New York, il est le fils du promoteur immobilier Fred Trump. Après ses études, Trump Jr. reprend la direction de l'entreprise familiale en 1971, qu'il renomme « The Trump Organization ». Comme son père, celui que les Américains surnomment Donald, se lance dans l'immobilier, se spécialisant dans la construction ou l'achat de bâtiments prestigieux, à l'instar de la célèbre Trump Tower au cœur de Manhattan. Mais l'ambitieux entrepreneur ne s'arrête pas là, à l'aide de financements parfois dangereux, il se constitue un empire économique et multiplie les investissements : casinos, résidences de luxe, yachts, avions, terrains de golf, médias...
Image du jour : le yacht Trump Princess
1988 - 00:58 - vidéo
Élise Lucet commente avec ironie l'inauguration kitchissime du yacht de Donald Trump. Il vient d'acquérir le yacht le plus cher du monde et l'a rebaptisé le « Trump princes ».
Les Français découvrent ce milliardaire excentrique au début des années 1990, alors que son empire est en plein essor. L'archive disponible en tête d'article date de 1989. Son autobiographie The Heart of the deal va paraître et le « Journal de 20 heures » de La Cinq de Berlusconi lui consacre un reportage. Les fastes de la richesse fascinent la chaîne « bling bling», il n'est donc pas étonnant d'y retrouver le portrait de ce richissime magnat de l'immobilier d'une quarantaine d'années à qui tout souri.
Guillaume Durant le présente, de manière assez visionnaire, comme « l'homme qui comptera le plus dans les années qui viennent ». À l'époque, Donald Trump vient de s'offrir le champion du monde de boxe Mike Tyson et une compagnie aérienne à la dérive, Eastern Airline, sobrement rebaptisée Trump Shuttle.
« La Jet Set l'adore, les politiques le courtisent, les banquiers lui font des prêts les yeux fermés », précise le commentaire. Son empire immobilier pèse alors entre un et trois milliards de dollars. C'est accompagné de sa femme Ivana, une ancienne mannequin, que Donald Trump répond à une interview, lors d'un gala de charité. Pour l'homme d'affaires, son succès est le résultat de son travail acharné : « Je travaille beaucoup, j'ai de bonnes idées et il semble que je sois capable de les réaliser. C'est très amusant ».
Le journaliste d'ajouter, « son égo est insatiable, mais en bon négociateur, il sait aussi faire l'éloge des autres ». En l’occurrence ici, l'éloge de la France, espérant trouver une affaire à y conclure prochainement : « C'est un mode de vie magnifique, merveilleux, beau, clean, sophistiqué, de haute qualité, et j'aime ça ».
Un divorce retentissant
Mais ce succès insolent va connaître un revers, tout aussi extraordinaire qu'inattendu, l'année suivante. En janvier 1990, son épouse Ivana, 41 ans demande de divorce. L'ex-mannequin tchèque et épouse de Donald depuis 13 ans réclame « tout simplement » 150 millions de dollars, la compagnie aérienne, une immense villa de 45 pièces dans la banlieue de New York, mais surtout son fleuron : la Trump Tower. La bataille des avocats va faire les gros titres des journaux à scandale. Les New-yorkais se repaissaient avec délectation du divorce du milliardaire playboy de 43 ans pendant plusieurs mois.
USA : divorce Trump contre Trump
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Ce divorce médiatique ne va pas stopper l'ascension et la soif d'investissement de Donald Trump, bien au contraire. En parallèle de son divorce, l’excentrique homme d'affaires inaugure en avril 1990 son tout nouveau casino, le Taj Mahal, à Atlantic City. Une fois de plus, la démesure est au rendez-vous comme le montre l'archive suivante, toujours extraite d'un journal de 20 heures de La Cinq. Il s'agit de rien de moins que le plus grand casino du monde : 12 000 m², 3 000 machines à sous et 160 tables. Les costumes indiens des 6 500 employés ont « coûté la bagatelle de 24 millions de francs », explique la journaliste. Pour l'inauguration, Trump est venu seul, « sans sa femme ni sa maîtresse », précise le commentaire ironiquement.
Au cours de cette soirée, la journaliste Françoise Champey parvient à interroger Trump sur sa vie compliquée de ces derniers mois. Parfaitement serein et concentré sur son projet du moment, il lui répond : « Vous savez, mon divorce et ses péripéties dont on parle beaucoup trop dans les médias, les gens s'en fichent. Le Taj Mahal est un endroit tellement extraordinaire qu'ils viendront, quoiqu'il arrive ». Le reste du reportage offre une visite des lieux et les premières réactions des clients.
USA : inauguration du Taj Mahal le plus grand casino du monde
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Même en pleine tempête personnelle, Donald Trump va de l'avant, déclarant à Antenne 2, à cette même inauguration, que le succès est dans les gênes : « Vous savez, le succès, c'est une question de génétique, d'hérédité. On l'a à la naissance ou on ne l'a pas ». Lui l'avait dans le sang indiscutablement.
Au bord de la faillite
« C'est officiel, Donald Trump le mégalo-milliardaire va devoir faire ceinture sur ordre de ses nombreux banquiers ! » Ce que ne disait pas Donald Trump lors de l'inauguration de son casino, c'est que son divorce l'avait quasiment ruiné, en plus d'investissements véreux. Fin juin 1990, avec 351 millions de dollars de dettes, alors qu'il n'a plus qu 24 heures pour trouver 43 millions de dollars, un consortium de banques le sauve in extremis. Un sauvetage raconté dans le 20 heures de La Cinq par la correspondante Françoise Champey. Désormais le dépensier ex-milliardaire devra limiter ses dépenses personnelles - à 450 000 dollars (tout de même) - par mois.
« De tous les milliardaires américains, Donald Trump est le plus excentrique et le plus dépensier. Ses yachts, ses avions privés, ses hélicoptères, étaient autant de témoins de sa réussite inégalée », explique la journaliste, soulignant qu'il avait bâti son empire sur des « junk bonds », obligations « pourries » à haut risque, inventées par Michael Milken (condamné pour fraude dans les années 1990).
Lui qui avait déclaré que « les pauvres méritaient ce qu'il leur arrivait et qu'il fallait voir grand pour s'en sortir », échappait de peu à la banqueroute.
USA : Trump obtient un prêt de 20 millions de dollars
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Cette année-là, Donald Trump, milliardaire déchu, ne fit plus partie de la liste des milliardaires éditée par la revue économique Forbes. Mais celui que l'on surnomme encore le « Prince de New York » va rebondir.
Le phénix renaît de ses cendres
En quelques années, Trump reconstitue sa fortune. En juin 1996, le 20 heures de TF1 lui consacre un long portrait à l'occasion de la présentation de son nouveau grand projet. L'architecte Philip Johnson, 90 ans, travaille pour lui sur un nouveau projet à New York. Il a refaçonné l'extérieur de la Trump International Hotel and Tower, une tour de 52 étages de suites et appartements de luxe située à l'angle sud-ouest de Central Park.
Sur le chantier de construction, au sommet de sa tour, avec vue spectaculaire sur Central Park, il accorde une interview pleine de fougue à la première chaîne française. « À 49 ans, l'extravagant Donald est reparti à la conquête de New York », précise le journaliste. Il vient d'investir trois milliards de francs (environ 700 000 euros) dans cette tour luxueuse. Cet homme, qui a failli tout perdre, s'en est sorti grâce à la confiance des banques. En contrepartie, il a dû vendre ses actifs et partager son capital avec des investisseurs asiatiques. Mais le profit qu'il retire de ses casinos d'Atlantic City le conforte dans sa position d'homme d'affaires puissant. « Je ne me suis jamais considéré comme le prince de New York. Ce que je sais, c'est que je fais du bon travail. - Mais qui êtes-vous ? - Je suis Mister Trump ! », plaisante-t-il.
Plus tard, dans son bureau panoramique, Donald Trump revient sur sa traversée du désert, avec philosophie : « Je vais vous dire la vérité, mais je n'aimerais pas revivre ce que j'ai enduré et j'ai beaucoup appris de moi-même. On apprend beaucoup dans les moments difficiles. C'est là que vous vous dîtes "je peux y arriver" ou "je ne peux pas". Certains n'y arrivent pas d'ailleurs. Ce n'est pas agréable d'être testé en permanence, mais si vous vous en sortez et si vous triomphez alors, vous êtes encore plus fort. »
Portrait Donald Trump : "Mister Trump"
1996 - 02:51 - vidéo
Naissance de son ambition présidentielle
Une force et une ténacité qui ne l'ont jamais quitté depuis cette époque. On se le rappelle peu, mais c'est aussi à la fin de la décennie 1990 que Donald Trump a mûri son projet de devenir président des États-Unis. Bien avant sa candidature de 2016, le milliardaire de 53 ans, qui avait failli tout perdre, s'est lancé dans la campagne présidentielle de 1999. C'est ce que raconte la dernière archive, un reportage diffusé le 7 octobre 1999 dans le 20 heures de TF1.
Fort de ses épreuves passées, Donald Trump compte bien utiliser son expérience pour se lancer en politique. Et comme rien ne lui fait peur, c'est la Maison-Blanche qu'il vise. Rien de moins. Le prince de New York se verrait bien président du pays le plus puissant du monde. Face à lui, des politiciens chevronnés : George Bush Jr. et Al Gore. « Un pari de plus, presque insensé pour l'enfant terrible des années 1980 », commente le correspondant aux États-Unis.
Interviewé dans la tour qui porte son nom, Donald Trump, lui, ne doute pas une minute de sa popularité acquise de ses revers : « Les gens m'aiment plus aujourd'hui qu'à la fin des années 1980, parce qu'ils m'ont vu traverser des temps très difficiles et revenir plus fort que jamais. Ils préfèrent quelqu'un qui en bave plutôt que quelqu'un qui réussi toujours ».
Et Ulysse Gosset, de conclure : « Donald Trump n'a aucune chance de l'emporter, mais il sait très bien que les Américains en ont ras-le-bol des politiciens traditionnels de Washington... » Une conviction, que Donald Trump, aura mise à profit par deux fois, avec ses deux élections inattendues aux plus hautes fonctions du pays, en 2016 et 2024.
Donald Trump candidat à la Maison Blanche
1999 - 01:41 - vidéo