« Du ciel bleu, du soleil, de la canicule, ça continue. Et puis samedi 9 août, c'est pareil du ciel bleu, du soleil, et puis la canicule, ça continue ! » C'était il y a 20 ans. Au cours de la première quinzaine d'août 2003 une vague de chaleur d'ampleur exceptionnelle s'abattait sur l'Europe de l'Ouest. Le printemps avait été sec.
Depuis le début du mois d'août, les températures, jusque-là dans les normales de saison, montaient progressivement. « À partir du 4 août, des températures supérieures à 35 °C ont été observées dans les deux tiers des stations météorologiques », notait ainsi Météo France. « Les records absolus de température maximale ont été battus au cours des douze premiers jours d'août 2003 sur plus de 70 stations météorologiques. » Cette vague de chaleur particulièrement longue et intense a provoqué près de 15 000 décès en excès par rapport à un mois d'août normal. Selon un rapport du Sénat, au lieu de 27 000 décès attendus, près de 42 000 furent enregistrés entre le 1er et le 20 août.
En 2019, les scénarios « intermédiaires et hauts » des chercheurs français du programme mondial de simulations du climat (CMIP6) dont les travaux nourrissent les rapports du GIEC estimaient qu'« un été typique des années 2050 correspondra à l’été 2003 connu pour ses canicules. » Alors, à quoi s'attendre ? Aperçu en archives des bulletins météorologiques de France 2 en août 2003.
Début de canicule dans le sud
« Bonsoir à tous, la chaleur va s'accentuer. » 1er août 2003, Nathalie Rihouet, la présentatrice météo de France 2, alertait. « On peut reparler de canicule alors qu'on est en plein chassé-croisé juillettistes-aoutiens. Et d'une manière générale, ce temps stable anticyclonique va nous accompagner jusqu'à, au moins, vendredi prochain nous dit Météo France. Sans la moindre goutte de pluie en perspective dans le sud-est. »
Dans un contexte encore relativement proche des normales de saison et de vacances d'été pour une partie des Français, la journaliste se réjouissait cependant de l'absence de vent : « Pas de vent, le matin comme l'après-midi, dans le sud-est et c'est tant mieux. Ailleurs, le soleil s'installe l'après-midi, au fil des heures alors que les nuages se cantonneront au Cotentin, au nord et à la Picardie. »
Le nord de la France était encore épargné par la canicule. « Côté températures : au lever du jour, elles seront comprises entre 12°C et 19°C sur la moitié nord et 14°C à 24°C sur la moitié sud. Et dans l'après-midi, le thermomètre affichera 25°C à 34°C au nord, 31°C à Paris ainsi qu'à Rennes. » Contrairement à la moitié sud, où l'on observait des « températures caniculaires, 35°C à Toulouse, à Aurillac, ainsi qu'à Grenoble et à Nîmes. » Mais les prévisions se montraient moins clémentes, Météo France prévoyait une extension progressive de la chaleur, avec « 33°C et 36°C » pour le dimanche 3 août, « 34°C et 37°C » pour le lendemain.
Météo 2 : [émission du 1 Août 2003]
2003 - 02:30 - vidéo
« Record, record, record »
« Bonsoir, je ne sais pas si c'est une bonne nouvelle : on va perdre un ou deux degrés demain. » Quelques jours plus tard, la canicule était installée. Pourtant, Patrice Drevet, qui avait pris le relai de Nathalie Rihouet pour ce bulletin du 6 août, semblait regretter une légère fraicheur annoncée pour la fin de semaine. Avant de confirmer : « Mais comme ça reste entre 35°C et 40°C degrés, ça reste caniculaire. Aujourd'hui, ce fut la journée la plus chaude d'après Météo France. »
Le journaliste, adepte des petites phrases exclamatives, faisait ensuite le point sur les températures. « Au lever du jour : de 14°C jusqu'à, déjà, 27°C à Perpignan ! Et puis dans l'après-midi, je le disais comme on a atteint aujourd'hui les 40°C, à Paris, record, record, record, là, il n'y aura que 38°C, si j'ose dire ! Mais quand même 39°C à Dijon, à Nevers et à Grenoble. » Et de poursuivre sur des prévisions peu surprenantes, avec humour : « Vendredi, ben, du ciel bleu, du soleil, de la canicule, ça continue. Et puis samedi 9 août, c'est pareil du ciel bleu, du soleil, et puis la canicule, ça continue ! »
Météo 2 : [émission du 6 Août 2003]
2003 - 02:22 - vidéo
« Demain après-midi, nous allons encore effleurer les records »
Vendredi 8 août, Patrice Drevet était de retour pour un bulletin énergique. « Regardez l'animation satellite de ces dernières heures, il y a eu pas mal de nuages sur le sud ! Ça a donné quelques orages, mais ça s'est dégagé dans la journée » rapportait-il. Les températures inhabituelles semblaient désormais l'inquiéter et il le soulignait. « Le minimum pour les températures pour demain matin, vers 5 h, ohlala 5h du mat' j'ai des frissons ! Bah non, parce que le minimum est de 16°C, maximum 26°C. Et puis, demain après-midi, nous allons encore effleurer les records ! Avec un minimum de 28°C à Cherbourg, mais un maximum, et toutes ces températures sont des températures sous abri, en prévision 39°C à Tours, Limoges, Saint-Étienne, Clermont-Ferrand, Toulouse ! »
Il terminait en soulignant le caractère exceptionnel de cette vague de chaleur. « Dimanche, ciel bleu, soleil, quelques orages et puis toujours ces températures au-dessus des températures de saison ! Largement, bougrement même ! Lundi, pareil, du soleil, des températures très chaudes. »
Météo 2 : [émission du 8 Août 2003]
2003 - 02:37 - vidéo
À l'approche de la mi-août, les températures se maintenaient et le 12 et 13 août, plusieurs records étaient battus, comme le précisait Patrice Drevet. « Bonjour à tous, aujourd'hui, on vient de battre un record de France à Orange et ce n'est pas du sport, c'est un record de France de chaleur, avec 42,6°C depuis que l'on prend des relevés de température en France, c'est la température la plus chaude ! » Le précédent record à Orange datait de juillet 1983 et s'élevait à 40,7°C.
Et enfin, avec des prévisions rassurantes, le soulagement de Patrice Drevet : « 35°C à Paris, on perd quelques degrés. Et puis, d'ailleurs dans les jours qui vont suivre, on va perdre quelques degrés, tant mieux, tant mieux ! Parce que ça commence à être difficile à supporter ».
Météo 2 : [émission du 12 Août 2003]
2003 - 02:14 - vidéo
Des températures acceptables pour la saison
Mi-août, les températures retombaient finalement. Sur France 2, le présentateur météo se montrait soulagé, moins emphatique. « Quand même des degrés en moins, des températures acceptables pour la saison. Attention aux orages. » Et pour le 15 août : « Dans l'après midi, le minimum sera de 21°C à Brest et la maximum seulement de 35°C dans les arènes de Nîmes, 28°C à Paris. » Enfin, « on peut respirer un petit peu ».
Météo 2 : [émission du 14 Août 2003]
2003 - 02:11 - vidéo
Jusqu'à aujourd'hui, la canicule de 2003 reste la plus marquante de l'histoire récente de France. Mais, à l'été 2019, une canicule avait déjà rattrapé l'intensité de celle-ci. À la différence, qu'elle fut plus courte. Avec sa durée d'une quinzaine de jour et ses records de température, la canicule d'août 2003 est donc encore un record. Jusqu'à quand ?