L'ACTU.
Le Nord de l'Amérique a fait face à la pire des tempêtes hivernales depuis cinquante ans. Débutée le 21 décembre, elle a causé 50 victimes et a plongé 200 millions d'Américains dans un froid polaire. Les images de maisons gelées partagées sur les réseaux sociaux sont impressionnantes.
Si la France, qui connaît actuellement des températures printanières, a rarement affronté ce type de phénomène météorologique, certaines régions ont connu des températures extrêmement basses et de forts épisodes neigeux par le passé. C'est ce que montre l'archive en tête d'article, un sujet du journal régional de FR3 Auvergne actualités diffusé le 11 janvier 1968.
L'ARCHIVE.
En ce début janvier 1968, un blizzard frappait la région de Clermont-Ferrand. La rédaction locale avait envoyé le reporter Jean-Claude Gélin sur place, en ville, au marché Saint-Pierre, et en montagne, où des automobilistes imprudents étaient restés bloqués sous des températures glaciales de - 15° C. Contre toute attente les Clermontois ne semblaient pas le moins du monde perturbé par ces températures glaciales, affichant même une certaine bonhommie.
Au marché Saint-Pierre, les chalands bien couverts, plutôt détendus s'organisaient comme ils le pouvaient en attendant les rares clients. Une vendeuse emmitouflée « tenait » grâce à un chauffage d'appoint. Ses denrées ne gelaient pas affirmait-elle, en tout cas, « pas les oranges » précisait-elle. Quant aux autres produits, elle les plaçait « auprès du feu ». Plus loin, des fromagers grelottants attendaient désespérément les acheteurs, mais toujours dans la bonne humeur.
Les clients n'étaient pas les seuls à se faire rare sur le marché d'habitude très fréquenté. Certains stands étaient devenus, constatait le journaliste avec humour, « des selfs services », abandonnés par les commerçants : « vous prenez votre petit paquet de thym, vous l'emportez avec vous et vous payez si vous voulez », plaisantait-il. L'approvisionnement n'était pas facile à cause des routes bloquées, mais philosophe, un vendeur expliquait que comme il ne vendait pas beaucoup, finalement il avait suffisamment de produits. En attendant, il se remontait « avec un petit canon ».
Des congères, mais pas de stress
Sur les routes, la situation était tout aussi compliquée qu'en ville, mais l'ambiance restait sereine, au grand étonnement de notre reporter courageux qui s'était rendu au col de Ceyssat pour interroger les rescapés de la route, bloqués depuis la veille dans leur voiture. Un homme coincé par une congère attendait le chasse-neige. Derrière lui, d'autres véhicules étaient également immobilisés. Lui et ses « camarades » avaient vu qu'ils « ne pouvaient pas s'en sortir », expliquait-il stoïque. Rien, pas même les remontrances du journaliste soulignant son imprudence à rouler « sans chaînes », ne semblait le stresser, s'esclaffant même : « Ah ben oui ! C'est la jeunesse ! » et ajoutant, « on a le moral ! ».
Une ambiance plutôt bon enfant qui n'a rien de comparable avec le drame qui vient de se jouer en Amérique du Nord où le thermomètre est resté au-dessous des 40 degrés pendant plus d'une semaine.
