L'ACTU
En ce début avril, un épisode de froid et de neige est installé sur la France pour plusieurs jours. Il inquiète les agriculteurs et producteurs, soucieux de leurs productions à venir, car en ce début de printemps, le gel peut être mortifère pour les arbres fruitiers en période de floraison, les vignes ou les plantations des semis. Pourtant ces conditions climatiques inattendues ne sont pas exceptionnelles et fourmillent dans les archives télévisées.
L'ARCHIVE
Celle présentée en tête d'article nous entraîne dans le Limousin le 2 avril 1975. A l'époque, un froid rigoureux régnait sur cette région et 30 cm de neige avaient recouvert les terres. Une situation que vivait très mal monsieur Piazza, un paysan du cru, très énervé par les dérèglements climatiques.
Dans la cour de sa ferme, sous les flocons, il exposait son désarroi, rageant de ne plus pouvoir se fier aux comportements animaliers habituellement fiables en matière de prévision météo. Il citait le passage des grues, ces oiseaux migrateurs d'habitude si ponctuels. Cette année-là, c'était le grand n'importe quoi d'après lui, visiblement ébranlé par tant d'incohérence : « Les grues, maintenant quand elles passent, on ne sait pas ce qu’elles nous amènent. Normalement, elles sont passées il y a 3 semaines, elles devaient nous amener le beau temps. » D'un geste désabusé, il concluait : « Si vous appelez ça le beau temps ! On est servi ! Bon Dieu. »
A qui se fier ? Peut-être au coucou, autre volatile d'habitude scrupuleux et aux dictons saisonniers. En patois, le paysan expliquait à renfort de grands gestes que le 1er avril, le coucou devait « chanter à mort ou vie », et de s’énerver : « Eh bien, le coucou n’a pas chanté ! »
Non, décidément rien n'allait plus, à en juger par l'épaisse couche de neige où gambadaient les moutons et les vaches de monsieur Piazza. Le spectacle de ses prairies enneigées l'inquiétait car il n’avait plus de foin pour nourrir ses bêtes et avait dû en acheter. Impossible de laisser les vaches sous la neige si on espérait obtenir du lait, précisait-il exaspéré : « C’est que vous perdez gros ! 2 litres par jour ! Elles ont froid ! »
Des conséquences inquiétantes
Avec son « moral de fer » il ne savait toutefois plus quoi penser de cette neige en avril : « Tout de même, on voit que ça ne va pas », concluait-il. Plus tard, au coin du feu en compagnie de sa femme, il faisait remarquer que même les hirondelles, d'autres vigies du printemps, n'étaient pas au rendez-vous cette année. Un comble !
Il expliquait que cette météo déroutante lui coûtait cher et déstabilisait le rendement de son cheptel, car le froid n’incitait pas ses vaches à boire, ce qui réduisait d’autant leur production de lait. Son blé de printemps également enfoui sous la neige n’avait pas encore levé. Il pestait : « C’est bien la première fois depuis 1922 que j’ai vu un temps pareil ».
Rien n’allait comme il l'aurait voulu en ce mois d’avril 1975. Et l'agriculteur de prophétiser : « 30 cm de neige chez nous, ça ne s’est jamais vu ! Ça va neiger au mois d’août maintenant ! »