« L'Amazonie, c'est le dernier réservoir naturel du monde », affirmait-on sur le plateau de « Vivre à Loisir » en 1974 pour alerter sur son déboisement. Pourtant 50 ans plus tard, le constat était toujours le même, voire pire. En mai 2021, un rapport alarmant avait été publié à quelques mois de la COP26 : la forêt amazonienne du Brésil, la plus importante en termes de superficie, ne stockait plus de carbone. Pire, elle en émettait 18% de plus qu'elle n'en avait naturellement absorbé.
Ce chiffre était le résultat d'une étude menée conjointement par l'Institut français de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) et l'université américaine d'Oklahoma et publiée dans la revue Nature Climate Change. Victime de l'activité humaine, la forêt tropicale brésilienne, qui représente 60 % de la forêt primaire de la planète, a rejeté entre 2010 et 2019 plus de carbone qu'elle n'en a absorbé, avec 4,45 milliards de tonnes rejetées, contre 3,78 milliards de tonnes stockées.
En cause, la déforestation, qui s'est encore largement intensifiée avec l'élection de Jair Bolsonaro en 2019, mais également une dégradation plus insidieuse de la forêt, causée par les incendies et les coupes aux abords du massif forestier.
Dangereuse déforestation
1974, une autre époque. La télévision commençait à s'intéresser à cette vaste forêt humide encore mal connue de la majorité des Français et Françaises. Deux voyageurs de retour d'un périple de deux mois en Amazonie étaient reçus sur le plateau de « Vivre à loisir, Voyages sauvages ». Ils y dénonçaient le risque que la construction de la grande route transamazonienne faisait courir sur la biodiversité de la région : « La déforestation est déjà dangereuse en ce sens que certaines espèces d'arbres vont disparaître, et par une réaction en chaîne va faire disparaître d'autres espèces, selon le même processus que l'on trouve dans le règne animal ».
Les deux voyageurs dénonçaient l'impact de ce projet allait avoir sur la population indigène, « progressivement remplacée par une autre population en provenance du sud du Brésil », un chaos écologique et social qualifié de « western des Temps modernes ».
Mais en 1974, la situation écologique semblait encore bien différente de ce qu'elle est devenue aujourd'hui. En effet, alors que les incendies ravagent tous les ans le poumon de la planète, de tels événements étaient alors jugés impossibles par les deux voyageurs, impressionnés par le taux d'humidité qui régnait dans la région.
Pour aller plus loin
René Dubos alerte sur les conséquences de la destruction des forêts tropicales, un extrait de l'émission "Questionnaire", présentée par Jean-Louis Servan-Schreiber et diffusée le 8 août 1979.
Forêt amazonienne et pollution, un sujet du 7 juin 1986 diffusé dans le JT de RFO Nouvelle-Calédonie.