Agnès Varda, la photographe avant la cinéaste

Agnès Varda est décédée il y a cinq ans, le 29 mars 2019. L'artiste et grande cinéaste avait en effet entamé son parcours en étant photographe.

En 1961, elle racontait son travail depuis sa maison de la rue Daguerre dans la 14e arrondissement de Paris. « Agnès Varda, vous êtes dans le jardin où vous avez eu l'occasion de réaliser un très grand nombre de portraits. Est-ce que c'est dans ce jardin, dans ce cadre, que vous auriez voulu faire votre portrait ? », demandait le journaliste à l'artiste. « Mon portrait, je l'ai déjà fait il y a quelques années, de toute façon je ne me vois pas dans un jardin. Je me vois plutôt en lumière du jour, mais à l'intérieur, devant un mur ou quelque chose de froid », contredisait-elle.

Sur le perron de sa maison, Agnès Varda détaillait ce travail d'autoportrait. « Je pense qu'il faut toujours exagérer les gens et que c'est plus facile quand c'est sur soi-même, parce que les autres personnes ne sont pas toujours très d'accord. Alors, quand j'avais fait mon portrait, je m'étais maquillée, presque comme une caricature de moi-même. Je m'étais fait des cernes, comme ça, noires, ça faisait deux grands trous noirs. Et puis j'avais maquillé une lèvre noire, une lèvre claire. »

« Il arrive que l'on tourne en copiant les photographies qui ont été prises sur le vif »

Elle expliquait aussi comment sa compétence de photographe lui était utile en tant que cinéaste. « Je pense que c'est très pratique de savoir voir ce qui existe. Comme moi j'aime tourner sur des bases réelles (...) j'aime que ce soit fait de choses qui existent. La meilleure façon de se documenter, c'est de se promener comme si on était seulement un photographe. » Et de poursuivre : « Après, je travaille sur document pour préparer le découpage. Quelques fois, il arrive que l'on tourne en copiant les photographies qui ont été prises sur le vif. Pour essayer que ce soit le moins fabriqué possible. »