En avril 1990, Agnès Varda profite des vacances de Pâques pour investir une école primaire de Champtoceaux dans le Val de Loire. Elle y tourne un film sur l'enfance de son époux Jacques Demy qui a grandi près de Nantes et se passionnait déjà pour le cinéma. Mais la réalisatrice préfère laisser planer le mystère : «C'est l'enfance d'un garçon qui pourrait être devenu Jacques Demy. C'est l'enfance d'un petit garçon, pendant la guerre, dans un garage qui veut faire du cinéma. Évidemment trois points de suspension. On peut bien penser que c'est Jacques Demy. Et c'est sans doute Jacques Demy mais est-ce que je sais l'enfant qu'il a été ? »
À l'affiche, pas de vedettes, mais des gamins de la région, très à l'aise dans leurs costumes d'écoliers des années 40 et qui prennent leur rôle très au sérieux. L'histoire commence en 1939 et se termine en 1947. Au-delà de l'histoire, Agnès Varda veut comprendre le mystère des vocations : « C'est un film, en même temps pour moi très personnel, car je cherche les traces d'un petit garçon que je n'ai pas connu et en même temps intéressant parce que qu'est-ce que c'est un désir d'enfant ? Qu'est-ce que c'est une vocation ? Dans un monde où beaucoup de jeunes ne savent pas trop ce qu'ils veulent faire. Je suis passionnée par un petit garçon qui voulait absolument faire quelque chose. »
La suite du tournage était prévue au mois d'août, dans les alentours de Nantes, sur les lieux mêmes où Jacques Demy avait vécu ses jeunes années.