Aller au contenu principal
Abd Al Malik : «La subversion, c’est être capable de dire je t’aime»

Abd Al Malik : «La subversion, c’est être capable de dire je t’aime»

Dans «adn», le rappeur Abd Al Malik dialogue avec Albert Camus, Jacques Brel, Maurice Béjart et raconte le « désespoir » des banlieues. S’il s’indigne face à l’inaction des pouvoirs publics, c’est sans se départir de son discours de fraternité.

 

Par Hugo Domenach - Publié le 31.08.2023
« ADN », Abd Al Malik - 2024 - 25:31 - vidéo
 

Au lendemain des émeutes qui ont éclaté après la mort de Nahel M. à Nanterre, Abd Al Malik, pourtant adepte de la pondération, assume sa colère : selon lui, ceux qui alertent depuis longtemps sur le caractère explosif des banlieues n’ont pas été assez écoutés. En regardant un reportage sur NAP, le groupe de rap avec lequel il s’est fait connaître, l’artiste qui a grandi dans la cité strasbourgeoise du Neuhoff s’inquiète de l’évolution des mentalités : « Il y avait une sorte d’espoir, aujourd’hui, on peut lire du désespoir ». Et des trop nombreuses bavures policières. En 1995, déjà, Mathieu Kassovitz les dénonçait au micro de Bernard Pivot lors de la sortie de son film, La Haine. « Ce qui a changé, c’est qu’à l’époque il n’y avait pas les portables pour filmer », contextualise le rappeur.

Abd Al Malik qui a étudié la philosophie et les lettres classiques est un amoureux de la culture française. Il considère Albert Camus comme « un frère » et Jacques Brel comme « le plus grand rappeur francophone ». Pierre Bourdieu considère que la culture est un « moyen d’exclusion » ? Il n’est pas d’accord : « Moi, je pense autrement. On doit réfléchir à une sorte d’élitisme pour tous ». Car ce qui l’intéresse en tant qu’artiste, « c’est créer des connexions avec les autres » : « Me changer en homme pont ».

Face aux archives, Abd Al Malik explique pourquoi les politiciens s’entêtent à vouloir censurer le rap depuis son émergence en France au début des années 1980. Pour lui, stigmatiser le rap consiste à « stigmatiser la bande son des quartiers populaires » : « Il y a des gens qui ne sont censés rien dire, qui ne sont censés qu’obéir, tout à coup, ils disent ce qu’ils ont envie de dire. C’est ça la violence ». Lui n’a jamais été censuré. Mais il ne se considère pourtant pas comme consensuel : « Pour moi la subversion, c'est être capable de dire je t’aime ».

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.