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L'abbaye de Clairvaux, un «chef-d'œuvre en péril» progressivement rénové

L'abbaye de Clairvaux, un «chef-d'œuvre en péril» progressivement rénové

Depuis la fin du mois de mai 2023, la maison centrale de Clairvaux, dans l'Aube, n'a plus de détenus. Cette prison, ancienne abbaye, était déjà en partie accessible aux touristes depuis 1971. Retour en archives sur l'histoire de ce haut lieu pénitentiaire.  

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 22.06.2023 - Mis à jour le 15.09.2023
Abbaye de Clairvaux - 1965 - 01:45 - vidéo
 

L'ACTU.

La maison centrale de Clairvaux, dans l'Aube, a accueilli pendant des années les condamnés à de longues peines. Ceux-ci ont quitté les lieux depuis la fin du mois de mai 2023 et la prison doit être démantelée dans les mois à venir. Elle avait abrité des détenus parmi les plus dangereux comme Charles Maurras, le terroriste Carlos, Yousouf Fofana du « gang des barbares » ou encore le tueur en série Guy Georges.

Depuis 1971, cette ancienne abbaye avait été en partie rouverte au public. La fermeture de la prison avait été annoncée en 2016.

LES ARCHIVES.

« L'État, montre le mauvais exemple. Cette prison n'est rien d'autre qu'une ancienne abbaye qui fut construite au XVIIIe siècle. Quel gâchis ! » Le centre pénitentiaire de Clairvaux fut établi en 1804 sur l'ensemble du site de l'abbaye cistercienne, fondée en 1115, qui s'y trouvait historiquement. Un changement d'usage commun au XIXe siècle. En 1965, quelques années avant que le lieu ne fasse l'objet de restauration et d'une ouverture au public, l'émission « Chefs-d'œuvre en péril » s'inquiétait de l'état des bâtiments et racontait son histoire. Cette archive est disponible en tête d'article.

Le commentaire déplorait, dans un commentaire passablement lyrique, l'usage des lieux en centre de détention. « Cet escalier, d'un baroque et dans lyrisme contenu, digne d'une maison princière sert à accueillir les prisonniers de droit commun. Cette cour élégante aux arcatures si nobles, qui pourraient servir de décors à un théâtre en plein air est celle des prévenus. Et la porte, la porte de cette abbaye prestigieuse, reste à jamais fermée aux visiteurs. Des fossés ont été creusés pour empêcher les prisonniers de sortir. Ils empêchent également les touristes d'entrer. »

Le journaliste blâmait les siècles passés, quand il était courant de modifier la fonction d'un lieu tel que les abbayes. « Sans doute le scandale de cette occupation abusive ne remonte pas à aujourd'hui. C'est là l'héritage de ce XIXe siècle qui fut si injuste pour les monuments et qui ne pouvaient concevoir que des bâtiments de cette importance n'aient d'utilisation pratique. Ainsi, quelles aient été démantelées, abandonnées ou mal occupées, peu d'abbayes en France sont parvenues jusqu'à nous dans leur splendeur première. »

Quelques années plus tard, en 1991, l'émission « Chefs-d'œuvre en péril » était de retour sur les lieux pour en raconter la restauration. Comme on le constate dans cet extrait disponible ci-dessous, le ton était tout aussi désespéré sur l'état de l'ancienne abbaye, « devenue une prison, croupie dans l'humiliation et la honte. » Et le journaliste de s'interroger : « Pourtant, n'était-ce pas là la fille chérie de Saint-Bernard, celle qui avait connu 700 moines, l'essor le plus incontestable ? »

Une occupation des lieux qui a permis leur préservation

Le directeur Gérard Péraudin, tentait de nuancer la catastrophe. Il expliquait : « Au début de l'empire, il a été pris la décision de désaffecter cette abbaye et de la transformer en centre de détention pour héberger les détenus. À cette époque, l'architecte qui a été commis sur cette opération a pris l'initiative de détruire l’abbatiale, ce qui est bien dommage. » Et confirmait : « Il y eu des saccages. Il y a eu, disons, une altération de ce patrimoine indiscutable. »

Mais, sur l'impact d'un usage de l'ancienne abbaye comme centre pénitentiaire, il rassurait : « Là, je crois qu'il faut faire une double réponse. Il est vrai que les structures pénitentiaires ont provoqué des désordres et des aménagements qui n'étaient, certes, pas très compatibles avec le site. Par contre, l'occupation, le fait que ce bâtiment reçoive des gens, a permis, quand même, de le préserver. »

Et, ajoutait-il, depuis le dernier tournage, il avait été décidé « de construire de nouveaux bâtiments », et les détenus avaient quitté « le site du grand cloître pour regagner des bâtiments nouveaux qui se trouvent juste à côté. » D'autres travaux de restauration permettaient, en 1991, de retrouver l'« état médiéval » de certaines parties de l'édifice. Avec un espoir : « Je pense que dans l'avenir, on doit arriver à une ouverture complète ».

En 2009, le centre pénitentiaire devenait uniquement maison centrale. À l'exception des nouveaux bâtiments, évoqués dans cette dernière archive, le site est classé au titre des Monuments historiques. Les nouveaux usages du site doivent être annoncés à l'automne 2023.

Clairvaux, de l'abbaye à la prison
2023 - 02:47 - vidéo

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