Le 21 avril 1997, le président de la République Jacques Chirac s'est adressé aux Français depuis le palais de l’Élysée. Un discours d'un peu plus de 10 minutes au cours duquel il a prononcé la dissolution de l'Assemblée nationale et annoncé la tenue prochaine d'élections législatives anticipées : « Mes chers compatriotes. Après consultation du Premier ministre, du président du Sénat, du président de l'Assemblée nationale, j'ai décidé de dissoudre l'Assemblée nationale. Le décret de dissolution et le décret fixant les dates des élections législatives au 25 mai et au 1er juin seront publiées demain matin. »
Jacques Chirac avait commencé par remercier l'Assemblée, élue en 1993, et qu'il avait « tenu à conserver » lors de son élection à la présidence en 1995. Une Assemblée avec une majorité de droite, qui a « soutenu loyalement le gouvernement » et qui a « contribué à définir les lignes de force d'une France moderne et compétitive », et à laquelle le président « rend hommage ».
Jacques Chirac donna alors les raisons qui l'ont poussé à prendre la décision de dissoudre l'Assemblée, pour la cinquième fois dans l'histoire de la Ve République (1962, 1968, 1981, 1988) : « Aujourd'hui, je considère en conscience que l'intérêt du pays commande d'anticiper les élections. J'ai acquis la conviction qu'il faut redonner la parole à notre peuple afin qu'il se prononce clairement sur l'ampleur et sur le rythme des changements à conduire sur les cinq prochaines années. Pour aborder cette nouvelle étape, nous avons besoin d'une majorité ressourcée, et disposant du temps nécessaire à l'action. » Rappelant les réformes déjà en cours, « la protection sociale, les armées et le service national, l'enseignement supérieur, la fiscalité, le secteur public », le président de la République annonça les nouveaux chantiers auxquels souhaitait s'atteler le gouvernement : « la réforme de l’État, la baisse des impôts », l'encouragement à la « création d'entreprise et [aux] initiatives locales ».
Défis d'aujourd'hui
Jacques Chirac évoquait également les grands chantiers européens, alors que se profilait la question du passage du franc à la monnaie unique : « l'Europe impose parfois des contraintes, c'est vrai. Mais ne l'oublions jamais. Depuis un demi siècle, pour nos vieilles nations qui se sont tant combattues, l'Europe, c'est la paix. Aujourd'hui dans un monde qui s'organise et qui se transforme toujours plus vite, l'Europe nous apportera un supplément de prospérité et de sécurité. Tout simplement parce que l'Europe, c'est l'union, et que l'union fait la force. » Souhaitant également s'atteler aux « fléaux qui menacent les sociétés, le chômage et l'exclusion, mais aussi l'exploitation des enfants, la drogue, l'argent sale et le terrorisme », Jacques Chirac demandait « de donner à la France une majorité qui aura la force et la durée nécessaire pour relever les défis d'aujourd'hui ».
Contrairement à ses attentes, les Français allaient donner la majorité des voix à l'opposition socialiste, avec la liste gauche plurielle emmenée par Lionel Jospin. Elle recueillait 48,25% des voix au second tour, contre 46,04% des voix à la majorité présidentielle emmenée par le Premier ministre Alain Juppé. Présent au deuxième tour, la liste Front national de Jean-Marie Le Pen obtenait elle 5,59 % des voix. Tirant les conséquences de la victoire de la gauche aux élections, Jacques Chirac nommait Lionel Jospin Premier ministre. Le 2 juin 1997, ce dernier inaugurait la troisième et plus longue cohabitation que le pays ait connue.