C'est l'une des phrases qui resteront dans la longue carrière politique de Jacques Chirac. Le 20 juin 1991, le maire de Paris et président du RPR, candidat naturel de la droite à la reconquête du pouvoir depuis la victoire des socialistes à la présidentielle de 1988, prononce à Orléans un discours sur l'immigration. Pour bien marquer son opposition à la politique du deuxième septennat de François Mitterrand, menée par Edith Cresson, il choisit un positionnement radical à l'égard d'une certaine population immigrée.
Appelant à « sortir de la langue de bois habituelle à l'égard des immigrés », il rappelle que « monsieur Le Pen n'a pas le monopole de ces thèmes ». En opérant une distinction entre populations d'origine européenne qui ont immigré en France avant la Seconde guerre mondiale, qui « posent moins de problèmes » que les nouveaux immigrés « musulmans ou noirs », Jacques Chirac reprend l'argumentaire de l'extrême droite.
Prenant pour exemple une récente visite dans le quartier populaire de la Goutte d'Or, dans le 18e arrondissement de Paris, en compagnie d'Alain Juppé, il prend alors la défense du « travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler ! ».
La salle, acquise à sa cause, applaudit, et Jacques Chirac de poursuivre : « Si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur, eh bien le travailleur français sur le palier, il devient fou. Il devient fou ».
Ce discours, qui est resté comme celui du « bruit et de l'odeur », marque alors un rapprochement encore assez inédit à l'époque entre les idées sur l'immigration véhiculées par l'extrême droite, et celles de la droite parlementaire. Jacques Chirac oublie que c'est sous son propre gouvernement, en 1976, que la France a mis en place la politique du regroupement familial.