Le député LFI Eric Coquerel a été élu à la présidence de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, un poste stratégique dévolu à l'opposition et qu'espérait le RN.
Depuis 2009, la pratique initiée en 2007 selon laquelle la présidence de cette commission revient à un membre de l'opposition a été inscrite dans la réforme du règlement de l'Assemblée nationale. Et depuis cette date, la tradition s'est installée donnant au premier parti de l'opposition ce poste. Ce qui explique pourquoi le Rassemblement national peut légitimement revendiquer ce poste.
Le 28 juin 2007, le journal de France 3 informait sur l'innovation apportée au fonctionnement de la nouvelle Assemblée nationale. Le président Nicolas Sarkozy avait en effet souhaité pour la première fois confier la présidence de la commission des finances à un membre de l'opposition, en l'occurrence le socialiste Didier Migaud, député de l'Isère et spécialiste des questions budgétaires. « J’ai des convictions, et chacun les connaît, je les exprimerai, mais je souhaiterais bien évidemment travailler dans un esprit constructif et républicain, ça a toujours été ma façon d’agir » confiait-il à France 3.
Remous et rupture
Le choix d'un socialiste pour occuper ce poste n'était pas sans provoquer du remous dans le camp de la droite, mais ce choix était défendu par le député UMP de Seine-et-Marne Yves Jego : « Quand on change les habitudes, il y a toujours des craintes. Quand certains avaient des envies ou des espoirs, il y a toujours des frustrations, mais je crois que si on ne change rien dans notre pays, si on ne fait pas la rupture, nous sommes là dans une application parfaite de la rupture voulue par Nicolas Sarkozy, et bien on ne fera pas de progrès. »
Mais autant de pouvoirs dans les mains de l'opposition, cela comportait-il des risques ? France 3 posait la question au constitutionnaliste Guy Carcassonne, professeur de droit constitutionnel à Paris X-Nanterre : « C’est lui qui a le pouvoir important de déclarer recevable ou irrecevable un certain nombre d’amendements. Si un président de la commission des finances voulait faire de ce pouvoir un usage partisan, il pourrait déclarer recevable des amendements de ses amis de l’opposition qui sont manifestement irrecevables. Mais il n'y a aucun risque, parce qu’il y perdrait instantanément tout crédit. »