Le duo Bacri-Jaoui, auteur du scénario du film « Un air de famille », reprend toutes les ficelles du théâtre de boulevard qui ont fait le succès de la pièce. Comme tous les vendredis soir, la famille Ménard se retrouve pour un dîner familial. Mais un incident, l'absence prolongée de la femme de l'un des convives, va bousculer les habitudes et réveiller des rancœurs anciennes à coup de répliques cinglantes.
« Si c'est en famille qu'on lave le linge sale alors ce soir-là c'est la grande lessive » confirme la journaliste. Et l'on rit de ce grand ménage.
Parmi les scènes comiques devenues emblématiques, celle du collier de chien offert à Catherine Frot pour son anniversaire. L'actrice incarne une épouse timorée et pleurnicheuse. Pour l'anecdote, ce rôle lui vaudra un César l'année suivante et lancera sa carrière.
« Moi, en l'occurrence, c'est le paysage humain qui m'intéresse »
Sur le plateau du tournage, face à un portrait de famille aux visages souriants, Jean-Pierre Bacri, le flegmatique, soupire : « C'est une espèce de sourire général comme ça mais… pfff… pour la galerie ! »
Car tout est là. Derrière une famille unie en façade, il y a les nombreux non-dits, les frustrations. Derrière le moniteur du retour image, le réalisateur crie « Moteur ! » car « c'est devant la caméra de Cédric Klapisch que cette famille se donne en spectacle ». En plateau, Catherine Frot et son collier de chien justement. Elle donne la réplique à son époux de cinéma Wladimir Yordanoff. Dans un panier, un gros labrador sable, prénommé Caruso, assiste stoïque à la scène.
Pour Jean-Pierre Bacri, pas besoin de grands espaces, il confie : « On ne s'évade jamais aussi bien qu'avec des paysages humains. Moi, en l'occurrence, c'est le paysage humain qui m'intéresse ».
Un film miroir et universel qui séduit toujours, la journaliste de conclure : « le vrai comique, c'est celui-là, de Molière à Chaplin : se reconnaitre sur l'écran et rire de soi-même et pas du voisin ».