La gauche a remporté les élections municipales partielles qui se sont tenues en Italie les 17 et 18 octobre. A Rome, Roberto Gualtieri, membre du parti démocrate, redonne à la gauche le Capitole, six ans après la fin du mandat d'Ignazio Marino. Dirigée pendant des décennies par la démocratie chrétienne, Rome passait à gauche pour la première fois de son histoire en 1976, avec l'élection de Giulio Carlo Argan.
Maire communiste
Critique d'art, président du Conseil supérieur des antiquités et des Beaux-arts, Giulio Carlo Argan était élu sur une liste de sensibilité communiste. Au micro de Victor Vramant, le nouveau maire de Rome annonçait le 10 août 1976 vouloir s'attaquer à « la lutte contre la spéculation immobilière ». Son élection correspondait en effet à la prise de conscience, notamment après la publication d'un article dans L'Espresso, de l'emprise immobilière du Vatican sur la capitale italienne, l'Eglise possédant plus du quart de la cité éternelle. Tout en annonçant vouloir lutter contre une spéculation immobilière jugée néfaste pour la préservation des richesses du centre historique, le programme du maire communiste ne remettait pas en cause les rapports entre la ville et le Vatican.
Historiquement, Rome fut dirigée par les papes jusqu'à l'unification italienne, et ne devint capitale de l'Italie qu'en 1871. C'est de cette réalité que le maire voulait tenir compte, en rappelant qu'en tant qu' « historien », il était parfaitement conscient que « l’histoire de Rome, capitale de l’Italie, c’est une histoire d’un peu plus d’un siècle, tandis que l'autre histoire, celle de Rome complètement liée à l'Eglise, [est vieille de plus d'un millénaire] ».
Après son mandat, le parti communiste continuait à gérer la capitale italienne jusqu'en 1985. Suite à la décomposition des partis traditionnels italiens au début des années 1990 (notamment suite aux révélations de l'opération « Mains propres »), de nouveaux partis émergeaient, remplaçant la traditionnelle Démocratie chrétienne et le parti communiste.
Durant les deux dernières décennies, Rome était ainsi dirigée par le parti démocrate (mandat de Walter Veltroni entre 2001 et 2008), par le parti de droite Peuple de la Liberté (mandat de Gianni Alemanno entre 2008 et 2013), avant de voir à nouveau la gauche revenir aux affaires avec Ignazio Marino (2013-2015). De 2016 à octobre 2021, Rome était le cadre d'une expérience inédite, avec le mandat de Virginia Raggi, une jeune maire élue pour le compte du Mouvement 5 étoiles, une gestion qui n'aura finalement pas convaincu les Romains, qui l'ont largement éliminée dès le premier tour des élections, les 3 et 4 octobre.