L'année 1968 est une année de révoltes étudiantes dans le monde entier : occupation de l'université de Rome en Italie, printemps 1968 en France et au Sénégal ou encore Lundi de la Matraque au Canada.
L'un de ces soulèvements étudiants a lieu le 2 octobre 1968 au Mexique. Ce jour-là, des milliers d'étudiants défilaient dans les rues de Tlatelolco, un quartier de Mexico. Leurs revendications étaient multiples : respect de l'autonomie de l'université, démission de trois chefs de la police et remise en liberté de prisonniers politiques.
Contre des institutions gangrénées
En 1968, lors d'un reportage de l'émission «De nos envoyés spéciaux» diffusé sur l'ORTF et disponible ci-dessous, des étudiants étaient interviewés au sujet des raisons de la contestation étudiante dans leur pays : « Nous ne sommes pas contre les Jeux olympiques, nous ne voulons rien faire contre. Je pense qu'il y a un changement dans l'ambiance politique du pays. [...] Nous ne supportons plus une vie politique de répression ».
Interviewé dans une salle de l'université autonome de Mexico, un autre étudiant regrettait la corruption au sein de la politique : « Tous les organismes sont pourris, les syndicats ne fonctionnent pas. [...] C'est un système qui ne profite qu'aux hautes couches sociales. »
Alors, quel est le rôle à jouer pour ce mouvement étudiant ? « Il faut créer une conscience politique parmi le peuple en faisant des brigades politiques. Le dialogue est essentiel », disait l'un d'eux.
Des étudiants mexicains s'expliquent sur la contestation étudiante dans leur pays
1968 - 03:40 - vidéo
Le mouvement étudiant prenait de l'importance. Il s'attirait même une sympathie croissante des milieux populaires comme le milieu paysan. L'émission «De nos envoyés spéciaux» ci-dessous était parti à la rencontre de ces étudiants basés à la campagne. L'un d'eux racontait : « Les paysans n'iront pas vers les hommes de loi, car ces derniers ne feront jamais rien pour eux. Les gens ne font pas confiance aux autorités à cause de la corruption. »
Un massacre sans précédent
Le 2 octobre, les granaderos - une unité de police spécialisée dans le contrôle des émeutes étudiantes - ouvraient le feu sur 8 000 étudiants, comme on le voit et l'entend dans l'archive en tête d'article.
Face à cette montée de la colère, le Président de la république mexicaine Gustavo Diaz Ordaz décidait d'assurer la sécurité des jeux en réprimant sévèrement la manifestation étudiante. Aucun responsable n'a jamais été traduit en justice.
Cet événement mis fin à plus de trois mois de contestation estudiantine contre le gouvernement du Parti Révolutionnaire institutionnel (issu de la révolution mexicaine de 1910). S'il n'y a jamais eu de chiffres officiels concernant le nombre de victimes, le bilan le plus communément admis est de 300 morts parmi les manifestants.