Moscou va poursuivre les négociations de paix avec Kiev, a assuré lundi 25 avril le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, tout en accusant l'Ukraine de « faire semblant » de discuter et mettant en garde contre le danger « réel » d'une troisième guerre mondiale.
Cette nouvelle escalade verbale dans le contexte de la guerre en Ukraine, alors que la Russie poursuit son offensive dans le Donbass et que les Occidentaux accentuent en réponse leur aide militaire à l’Ukraine, est l’occasion de rappeler la crise des missiles de Cuba.
Le 15 octobre 1962, le gouvernement américain découvre stupéfait plusieurs rampes de missiles nucléaires soviétiques sur l'île de Cuba, à moins de 200 km des côtes américaines. Un tel arsenal représente une menace considérable pour les Etats-Unis. Le président Kennedy ordonne alors le blocus maritime de l'île. 183 vaisseaux de guerre américains dont 8 porte-avions empêchent les cargos soviétiques chargés de missiles soviétiques de s'approcher de Cuba. Le monde tremble dans la crainte d'une guerre nucléaire.
Quel est le contexte ?
Après 4 siècles de colonisation espagnole, Cuba obtient son indépendance en 1898. L'île tombe alors rapidement sous la tutelle des Etats-Unis, qui la convoitaient depuis longtemps. Mais en 1959, lorsque le chef de la guérilla Fidel Castro s'empare du pouvoir, les relations entre Cuba et les Etats-Unis se dégradent. Rejetant l'influence des Etats-Unis, le nouveau régime cubain nationalise les entreprises américaines implantées sur l'île. Les Etats-Unis répondent bientôt par un embargo total contre Cuba, mettant un terme aux relations économiques, financières qui les unissaient. La petite île des Caraïbes devient la hantise des Etats-Unis qui n'ont désormais qu'un objectif : renverser Castro. En avril 1961, le jeune président Kennedy qui vient d'être élu lance une offensive militaire sur Cuba dans la baie des Cochons. 1400 exilés cubains recrutés et entraînés par la CIA débarquent dans la nuit. Mais l'opération échoue, les assaillants sont accueillis par des armes lourdes et sont presque tous tués. Pour Castro le succès est immense, tandis que la crédibilité de Kennedy est considérablement affaiblie.
Pourquoi des missiles soviétiques à Cuba ?
Après l'embargo américain et le débarquement de la baie des Cochons, Fidel Castro se rapproche de l'URSS et Cuba bascule dans le camp soviétique. Une alliance qui inquiète la superpuissance américaine à l'heure où la guerre froide bat son plein et que les relations entre les deux blocs se détériorent.
En juin 1962, dans le plus grand secret, près de 50 000 soldats et une trentaine de missiles nucléaires soviétiques sont envoyés sur l'île. C'est l'opération Anadyr. Nikita Khrouchtchev le leader soviétique entend ainsi éviter une nouvelle tentative d'invasion américaine mais surtout faire de l'île une base stratégique à proximité des côtes américaines. Les Etats-Unis ont installé des missiles nucléaires en Turquie et en Italie, l'URSS en aura à Cuba. Le 22 octobre 1962, J.F. Kennedy s'adresse aux Américains d'une voix grave. Il annonce la découverte des rampes de lancement soviétiques sur l'île et la mise en place du blocus maritime. Le président américain demande au leader soviétique de retirer immédiatement les missiles sous peine de représailles. Près de 600 avions de combat et 40 000 Marines sont prêts à intervenir. La tension est à son comble.
Comment l'URSS réagit-elle ?
Alors que le monde entier retient son souffle, les dirigeants négocient dans l'ombre par lettres interposées. Kennedy s'engage publiquement à ne pas envahir l'île en échange de quoi, le 28 octobre, Khrouchtchev accepte de retirer ses fusées de Cuba. La planète respire. Par une clause secrète, le président américain a également concédé au démantèlement de ses missiles en Turquie.
Après avoir frôlé la catastrophe nucléaire, les deux grandes puissances décident de mettre en place le téléphone rouge.
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