Il y a quarante ans, un dysfonctionnement dans un ordinateur du centre de contrôle du NORAD (Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord) entraîne une mise en alerte : le système a détecté un tir de missiles soviétiques. Pendant 3 minutes, cette menace est prise très au sérieux et les premières mesures de mise en alerte d'équipages sont prises, jusqu'à ce que l'erreur technique soit débusquée. Mais, malgré les assurances qu'en dernier recours la réponse nucléaire dépend de décisions humaines, et au dernier niveau, de celle du Président, le risque d'incident grave en ce mois de juin 1980 fut réél.
« Mardi 3 juin, le jour n'est pas encore levé. Qu'importe, ici, au Norad, on vit en état de veille permanente sous une épaisseur de 400 mètres de granit. Soudain, un ordinateur annonce que des missiles intercontinentaux soviétiques lancés du sol et de sous-marins nucléaires se dirigent vers les Etats-Unis. Question : Est-ce le début de la 3e guerre mondiale ? »
« L'officier de service transmet aussitôt l'ordre aux équipages des bombardiers nucléaires B52 du Strategic Air Command de monter à bord de leurs appareils, de mettre les réacteurs en marche, et d'être prêts à décoller instantanément. Le même ordre est répercuté aux avions d'observation et l'un d'eux basé à Hawaï prend l'air, tandis que les missiles intercontinentaux disséminés sur le territoire américain sont placés en situation d'alerte pour une éventuelle mise à feu. Le centre de commandement militaire national au Pentagone, la salle de situation, centre nerveux de la Maison Blanche, sont immédiatement mis au courant. »
« Pourtant, 3 minutes plus tard, les officiers du service de contrôle qui se sont tout de suite lancés dans la vérification des informations transmises par les satellites d'observation, et les radars, avant qu'elles ne pénètrent dans l'ordinateur, aboutissent à la conclusion qu'aucune fusée soviétique n'a été détectée par ces satellites et radars et que l'alerte vient d'un mauvais fonctionnement de l'ordinateur. »
« En 20 minutes, la situation revient à la normale sur les bases américaines. Ni le Président, ni le secrétaire d'Etat à la Défense n'ont été avertis de l'alerte. Car on se doutait qu'il pouvait s'agir d'une erreur de fonctionnement. Un autre incident du même genre avait eu lieu 7 mois plus tôt, un troisième devait se produire 48 heures plus tard. »
« Le secrétaire à la Defense Harold a depuis tenu à assurer que jamais les Etats-Unis n'avaient été proches de se lancer par erreur dans une 3e guerre mondiale. Ne serait-ce que parce que chacun des états d'alerte, jusqu'à celui qui aboutit au lancement des missiles, est contrôlé par une décision humaine. Ce n'est jamais la machine qui décide, mais en dernier recours, le Président. »
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