L'ACTU.
En octobre 2021, Emmanuel Macron lançait un plan d’investissement massif de 30 milliards d’euros. Nommé « France 2030 », il avait pour but la réindustrialisation de la France dans quelques secteurs d’avenir, notamment la décarbonation de l’industrie, la santé, les transports du futur, l’agriculture et l’alimentation.
Priorité de ce plan, au vu des chiffres alloués et de la communication faite autour des projets, la décarbonation de l’industrie prévoyait notamment une confirmation de l’effort nucléaire de la France. Emmanuel Macron voulait consacrer 1 milliard d’euros pour l’atome tricolore, envoyant le signal que la France compte bien rester l’un des leaders mondiaux dans cette filière mise en avant pour sa faible empreinte carbone. L’objectif de l’Élysée dans ce domaine était double : faire émerger des réacteurs nucléaires de petite taille, un marché international prometteur (les SMR), et améliorer la sûreté et l’efficacité du parc nucléaire, avec des centrales produisant moins de déchets radioactifs.
Depuis, le président français a annoncé en février 2022 sa volonté de relancer le programme nucléaire français et le 17 janvier 2023, un projet de loi pour l'accélération du nucléaire est arrivé au Sénat pour discussion. Il doit permettre de lancer plus rapidement des chantiers dans le domaine nucléaire.
LES ARCHIVES.
Ce réengagement dans le nucléaire place le président de la République dans les pas du général De Gaulle, à l’origine de la politique nucléaire militaire et civile de la France, comme l’illustre l’archive en tête d’archive, un court reportage des « Actualités françaises », diffusé le 6 août 1958.
On y voit le général de Gaulle, tout juste investi dernier président du Conseil de la IVe République, visiter le centre nucléaire de Marcoule, dans le Gard. Sur le ton habituellement emphatique des Actualités de l’époque, le commentaire se veut plein d’optimisme pour le futur nucléaire du pays : « Au centre atomique de Marcoule, le président de Gaulle a pu constater le chemin parcouru depuis qu’en 1945 il signa l’acte de naissance de l’industrie nucléaire en France. Aujourd’hui, le centre fonctionne et produit ! Avec la pile G2 qui aura bientôt une sœur, G3, l’usine de plutonium est l’élément essentiel de Marcoule. C’est ici le germe de la puissance d’un pays, dans l’ordre industriel comme dans l’ordre militaire, et c’est cette promesse qu’a voulu marquer le général de Gaulle en disant : "il est saisissant de constater ce que sont les réalisations françaises quand on s’en donne la peine !" »
Un choix politique de la part de De Gaulle
C’est en effet au général de Gaulle, alors chef du gouvernement provisoire de la République, qu’on doit, le 18 octobre 1945, la création du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), sur les conseils du ministre de la reconstruction Raoul Dautry et du physicien Frédéric Joliot. Après des premières expériences concluantes, (Zoé, la première pile atomique française naît à Châtillon, près de Paris, en 1948), la recherche s’industrialise à partir de 1952 sur plusieurs sites, Saclay, en région parisienne, et Marcoule.
En réponse au choc pétrolier de 1973, le président Valéry Giscard d'Estaing choisira de confirmer cette filière de l'atome en choisissant la politique du « tout nucléaire » pour garantir aux entreprises et aux particuliers une électricité bon marché. En 2019, selon EDF, l'énergie nucléaire fournissait 70% de la production électrique du pays, faisant de la France l'un des pays les plus nucléarisés au monde.