Ziad Makary, le ministre de l’information du Liban, à l'INA le 20 février 2023. Crédits : Didier Allard / INA.
INA - Quels sont les enjeux du projet “Sauvegarde, numérisation et valorisation du patrimoine des médias libanais” ?
Ziad Makari - Valoriser les archives et apprendre d’elles. Pour nous, cette mission avait un double objectif : permettre la sauvegarde des fonds existants avec l’expertise d’une institution reconnue comme l’INA. Et travailler à la valorisation de ces archives. Cette mission a porté sur les archives de Radio Liban, de l'Agence Nationale de l’Information, de Télé Liban et de la Direction des Études et Publication. Personnellement, j'ai énormément investi dans ce projet, j’y suis attaché car je viens d’un univers culturel (Ziad Makari a une formation en architecture islamique et orientale, ndlr) et j'avais toujours l'ambition de participer à la sauvegarde du patrimoine libanais. Les archives audiovisuelles publiques en font partie.
Qu’est-ce qu’on trouve dans les archives de Télé Liban par exemple ?
Télé Liban est la première télévision du monde arabe, un premier canal a été créé dans les années 50. C’est l’unique chaîne de télévision publique libanaise aujourd’hui dont la forme actuelle remonte à 1977. Elle diffuse désormais essentiellement en arabe, mais elle a diffusé des programmes en français et en anglais. Cette chaîne est réputée pour ses archives de grande valeur, témoignant de l’âge d’or du pays, quand on le comparait à la Suisse du Moyen-Orient. Nous devons sauver ses trésors. Les archives permettent d’apprendre comment le Liban a traversé des périodes difficiles mais aussi connu une belle époque et des années fastes. C'est un enseignement pour tous.
Que représente pour vous le travail de valorisation des archives ?
C'est envoyer un message d'espoir pour les jeunes, qui quittent le pays, à cause de la crise, pour leur montrer comment le pays a été, d’où il vient. Il est de notre devoir de promouvoir ces fonds, de montrer ce qu'on avait et de quoi nous sommes capables.
De quelle manière envisagez-vous cette valorisation ?
Il faut se focaliser sur l'angle d’un pays unique et d’un beau pays. Nous n’avons que ça au Liban, nous n’avons pas de gaz, pas de pétrole mais on a la beauté du pays, son architecture, sa culture, sa gastronomie. On a besoin de changer de cap, de changer de philosophie de vie pour rêver de nouveau.