L’ACTU.
Le Salon de l’auto 2022, l'un des plus grands au monde, se tient à Paris en l’absence de plusieurs constructeurs historiques comme Volkswagen ou BMW. Renault y a présenté une 4L revisitée, dans l'air du temps, une version SUV électrique. Entre hausse des prix de l’énergie, pénurie de composants électroniques, crise climatique et interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique en 2035, le Mondial de l’auto est en effet le symbole du virage historique que doit prendre l’industrie automobile. Ce virage pourrait néanmoins faire de la voiture un produit de luxe, alors que le prix des voitures électriques est pour l'instant plus élevé que celui d'une voiture classique. L’enjeu des prochaines années, selon le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune, sera donc « la démocratisation de la voiture électrique, française ou européenne. »
L’ARCHIVE.
Il n’y a pas si longtemps, pourtant, la voiture individuelle à moteur thermique était démocratisée. « L’automobile n’est pas seulement un signe de promotion sociale, elle est véritablement le signe de la libération de l’individu », louait ainsi George Pompidou au Salon de l’auto 1966 comme le montre l'archive ci-dessus. Pendant les 30 glorieuses, l’usage de la voiture se développa tandis que l’État encourageait l'achat de véhicules diesel. Et, à la fin des années 50, le million de véhicules en circulation à Paris fut dépassé. L'automobile devint alors un véritable moyen de se réaliser : « C’est une forme moderne par laquelle se marque la volonté de l’individu de se libérer du groupe, de garder sa personnalité, sa liberté d’allure, la possibilité d’aller quand il veut, où il veut, comme il veut », renchérissait l'ancien Premier ministre.
« Il n’en reste pas moins que le problème fondamental, aussi bien pour les professionnels de l’automobile que pour les usagers, dans les moments de ces grandes migrations, est le réseau de circulation rapide, le réseau de circulation à grande distance par les autoroutes ou par les grandes nationales. Et sur ce point indiscutablement, nous avons pris un retard », expliquait Georges Pompidou en 1966. Pour accueillir la flotte de nouvelles automobiles, le gouvernement français choisit d'« accélérer le rythme de construction des autoroutes ». L'ancien Premier ministre annonçait : « À l’heure actuelle, dans quelques semaines, à la fin de l’année, nous aurons, à 5 ou 6 kilomètres près, 8000 kilomètres d'autoroute en service et plus de 350 qui seront en chantier. »
L'exemple des voies sur berge parisiennes
« On peut dire que l’automobile a transformé la vie des hommes en même temps que le visage d’un bon nombre de nations », assurait-il également dans ce discours de 1966. Au-delà de l'individu donc, c'était tout l'aménagement du territoire qui fut transformé par la voiture. Par exemple, comme le montre l'archive ci-dessous, en 1967, Georges Pompidou inaugura une voie rapide, le long des berges de la Seine, pour permettre la traversée de la capitale sans signalisation. « On a trouvé le moyen de faire traverser tout Paris par une voie moderne sans en altérer le site », déclarait alors le Premier ministre avec un grand sourire comme le montre selon l'archive suivante. Les images ci-dessous racontaient l'avancée des travaux. Cette construction eu lieu dans le cadre du plan autoroutier pour Paris de Georges Pompidou, qui visa à doter la capitale française d'un maillage d'autoroutes.
Historique de l'auto Berge
1967 - 12:35 - vidéo
Ce projet aurait justement pu fortement modifier l'allure de la ville, entre autres par la destruction de bâtiments dans les quartiers historiques. De ce projet, seule la voie Georges-Pompidou vit le jour, le reste ayant été abandonné avec les chocs pétroliers des années 70 et l'arrivée au pouvoir d'un autre président en 1974. La voie sur berge, elle, fut rendue piétonne en 2016 par la maire de Paris, Anne Hidalgo.
Symbole de la libération de l'individu pour Georges Pompidou, la voiture sera peut-être aussi le symbole de la réussite industrielle de la France. Le passage au 100% électrique défendu par Emmanuel Macron, doit faire l'objet d'« une politique massive pour réindustrialiser l'Europe » selon des propos du Président dans le journal Les Échos. Au Mondial de l'auto, Peugeot a d'ores et déjà annoncé l'assemblage de certains de ses véhicules électriques à Mulhouse.