En 2023, les violences contre les médecins ont augmenté de 27% par rapport à 2022. Cette hausse est constante ces dernières années selon la dernière enquête de l'Observatoire de la sécurité des médecins. « On peut expliquer cette hausse par plusieurs facteurs, détaille à l'INA Jean-Jacques Avrane, délégué du CNOM à l’Observatoire national de la sécurité des médecins. D’abord, la violence que nous constatons tous dans la société et qui est en augmentation permanente. Les médecins ne sont pas à l’abri de cette violence, elle existe aussi pour eux. D’autre part, il est clair que ces violences sont certainement dues à la difficulté, aujourd’hui, qu’il y a de trouver un médecin et d'avoir un retour par rapport aux demandes des patients. On ne peut pas le négliger, je pense que ça entre en ligne de compte. »
Agressions physiques, menaces, insultes : tel est le quotidien de certains soignants. Pourtant, les médecins alertent depuis longtemps. Comme le médecin généraliste Pierre-Yves Mechali en 1992 sur France 3 : « Au début, c'était à la bombe lacrymo par des petites équipes de malfaiteurs qui venaient en fin de consultation dans le cabinet à visage découvert ».
Des agressions de médecins en milieu urbain mais aussi rural
Parmi les témoignages de l’époque, beaucoup de médecins de ville. Ils estimaient être en première ligne des violences. D’après l'enquête de l'ordre des médecins, ce constat vaut toujours en milieu urbain, et pas seulement. « Là où ça augmente le plus, c’est en milieu rural. Des fois, il n’y a pas du tout de médecin, ça peut expliquer que quand un patient trouve un médecin y a peut-être une plus grande agressivité », explique Jean-Jacques Avrane.
En 2023, les agressions dans les établissements de soins étaient aussi en hausse. Et là aussi les médecins alertent depuis plusieurs années. Par exemple, en 1999, à l'hôpital de Marseille, certains étaient en grève après l’agression de deux soignants. 25 ans plus tard, les syndicats de médecins déplorent toujours une situation « alarmante » et « inacceptable ». La profession réclame des « mesures urgentes » de protection. Et Jean-Jacques Avrane de conclure : « Nous, nous essayons d’aller au plus vite, de faire les choses au mieux. Mais je comprends et j'adhère au propos des syndicats qui regrettent la difficulté de mettre en place tous ces éléments. Mais je vous parlais au début de la violence générale dans notre société, c’est un travail de longue haleine et en profondeur, j'aurais tendance à dire ».
