Dégradation des soins, pénurie de soignants, épuisement professionnel : les urgences sont en crise. Une réalité accentuée ces dernières années avec l’épidémie de Covid mais le malaise est ancien.
Retour dans les années 70. A cette période, les services d’urgences commencent à se structurer dans les hôpitaux français. L’objectif, faire face à l’urgence vitale avec un personnel spécialisé, médecins, infirmières, réanimateurs. Mais très vite des dysfonctionnements sont pointés du doigt. «Le premier grief des hospitalisés, c’est la carence d’accueil des services d’urgence», peut-on entendre dès 1980 sur TF1.
Il y a aussi l’attente jugée trop longue aux urgences, le manque de personnel et les locaux vétustes. Pour juger de la situation, le conseil économique et social commande un rapport au professeur Adolf Steg en 1989. Ses conclusions sont sévères. «Alors de quoi souffre le plus les urgences des hôpitaux ? Est-ce un manque de personnel ? Un manque de crédit ? Ou un manque de matériel ?» lui demande Antenne 2 le 10 avril 1989. «C’est à la fois les trois ! » répond Adolphe Steg.
Ras-le-bol
L’alerte est lancée. Résultat, au début des années 1990, plusieurs lois sont votées pour une réorganisation générale des services d’urgences. Mais dans le même temps, leur fréquentation ne cesse d’augmenter et les soignants sont débordés. En 1998, le ras le bol est national, comme le rapporte France 3 : «Surcharge de travail, personnel insuffisant? absence de statut, ce matin les urgences hospitalière et les SAMU se sont mis en grève pendant une heure pour protester contre leur peu de moyen.» Patrick Pelloux médecin urgentiste, témoigne : «Les urgentistes en ont ras-le-bol de la manière dont on nous traite depuis des années. C’est des médecins qui ne regardent pas la montre, ils sont capables de faire 80 à 100 heures par semaine, il faut que cela soit maintenant reconnu.»
Au fil des ans, malgré les réformes de santé, le malaise s’intensifie. Aux urgences, le quotidien décrit par les soignants ne change pas : horaires à rallonge, mauvaises conditions de travail. Aujourd’hui, le personnel soignant alerte toujours sur ses difficultés. Selon l’association Samu-Urgences de France, les services d’urgences en péril représentent 20% des établissements du territoire.