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Sur le tournage du film «Le cercle rouge» avec Alain Delon

Sur le tournage du film «Le cercle rouge» avec Alain Delon

«Le cercle rouge» de Jean-Pierre Melville sortait au cinéma le 21 octobre 1970. Découvrons l'ambiance qui régnait sur le tournage de ce film policier à la distribution prestigieuse, en mars de la même année. Action !

 

Par Florence Dartois - Publié le 19.10.2020 - Mis à jour le 18.08.2024
Tournage du film "Le cercle rouge" - 1970 - 04:36 - vidéo
 

Alain Delon, décédé le 18 août 2024, fut l'acteur fétiche du réalisateur Jean-Pierre Melville. Ensemble, ils ont tourné trois films, trois chefs-d'œuvre : Le Samouraï (1967), Le Cercle rouge (1970) et Le Flic (1972). C'est le tournage du Cercle rouge que nous vous proposons de découvrir dans la vidéo disponible en tête d'article.

Le 15 mars 1970, le magazine Pour le cinéma se rend dans le château de Jean-Claude Brialy à Monthyon. C'est là que se tourne le dernier Melville. Le synopsis est simple : un truand marseillais (Corey, Alain Delon), un détenu en cavale (Vogel, Gian Maria Volonte) et un ancien policier (Jansen, Yves Montand) mettent au point le hold-up du siècle dans une bijouterie de la place Vendôme. Mais le commissaire Mattei (Bourvil), de la brigade criminelle, va leur tendre un piège...

« Y'a pas de femmes dans mon film ! »

Chapeau vissé sur la tête et ses lunettes noires habituelles lui dissimulant le regard, le cinéaste est enthousiaste, « Cette année, je reviens à de vieilles amours : le film policier d'aventures, physique, avec des hommes. Y'a pas de femmes dans mon film. Je ne l'ai pas fait exprès, je ne suis pas misogyne, mais en écrivant le scénario, tout à coup, je me suis aperçu qu'il n'avait pas de place pour les femmes. Alors il n'y en aura pas. Il y a Delon, Bourvil, Montand, Gian Maria Volonte, François Périer ».

Le reportage se poursuit avec le tournage d’une scène du film. Alain Delon est coursé dans un parc par plusieurs poursuivants. Pour son rôle, il a adopté la grosse moustache. Après la scène, l'acteur évoque ses projets. « Il y a d'abord la sortie de "Borsalino", un film où il tourne avec Belmondo et dont il est également producteur. Un autre projet suivra, "Proust", sous la direction de Visconti ».

« Sous la direction de Jean-Pierre Melville, je suis prêt à affronter n'importe quel personnage »

La relation entre le cinéaste et ‘acteur est fusionnelle, quasi filiale. Alors qu'Alain Delon tourne une nouvelle prise de poursuite, Melville confie en off son admiration pour l’acteur trentenaire : « Il a une présence physique exceptionnelle. On peut lui demander de faire des choses de précision. »

Même admiration de la part d’Alain Delon, prêt à tout pour son réalisateur : « C'est encore un personnage en marge de la société. Je sais, ça va encore en faire sourire certains. Puisqu'on me reproche toujours de jouer ce genre de rôles, mais dans ce film, c'est un peu spécial. C'est un film de Melville, je veux dire, sous la direction de Jean-Pierre Melville. Je suis prêt à affronter n'importe quel personnage, même si les personnages que j'ai déjà fait de toute façon… »

« Melville est d'une grande précision »

Le reportage s'intéresse ensuite à Yves Montand, feutre sur la tête et gabardine beige, il incarne un ancien flic corrompu et répond à la même question concernant ses projets. Lui a prévu de faire un break en 1970, car trois de ses films seront alors à l’affiche, "L’Aveu" [de Costa Gavras], "Par un jour sans nuages" et, bien-sûr, "Le cercle rouge" dans lequel il joue un tireur d’élite. L’élite, c'est aussi le réalisateur dont il vante la précision : « Melville est d'une grande précision, ses scénarios sont toujours découpés au millimètre près, mais sans jamais se laisser prendre lui-même à cette mécanique. C'est-à-dire que sa colonne vertébrale est parfaitement bien écrite, mais il se permet de temps en temps de naviguer à l'intérieur de ça. Il n'a pas peur de couper ou d'enlever ou d'enlever carrément un bout de dialogue, si l'image est beaucoup plus forte que ce qu'on avait à dire ».

Le reportage montre justement Melville en pleine direction d’une scène dans laquelle on aperçoit brièvement Bourvil et de nombreux policiers.

Le dernier tournage de Bourvil

Bourvil, casquette sur la tête, évoque à son tour son rôle avec une certaine jubilation, « "je suis un commissaire de police. C'est moi qui arrête Montand, Delon. C'est un film dramatique ».

Le reportage se termine sur l'acteur plaisantant sur son physique avantageux avant le tournage d'une nouvelle scène, « c'est tellement beau » ! s’extasie-t-il. La caméra laisse le comédien souriant. Déjà malade au cours de ce tournage, il allait décéder six mois plus tard. Il ne verrait jamais le film terminé.

Pour aller plus loin :

Provence Actualités : images muettes du tournage où l'on aperçoit Melville et Bourvil. (25 février 1970)

Monsieur cinéma : Alain Delon à propos du film Le cercle rouge. Pierre Tchernia reçoit Alain Delon sur le plateau de « Monsieur Cinéma » à l'occasion de la sortie du film Le cercle rouge. Alain Delon parle du film sur « quatre solitudes et quatre loups solitaires », de ses partenaires, de Jean-Pierre Melville qu'il encense et de leur projet de film sur Arsène Lupin. (25 octobre 1970)

Sport en fête : Jean Pierre Melville, à propos de Bourvil dans Le cercle rouge. Jean-Pierre Melville, invité fil rouge de la tranche horaire, évoque le dernier rôle de Bourvil. Malgré la souffrance, l'acteur avait refusé de se faire doubler dans les scènes d'action. Pour ce film, il avait été crédité de son vrai nom André Bourvil. (5 novembre 1972)

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