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Le téléphone rouge, un outil diplomatique né en pleine Guerre froide

Le téléphone rouge, un outil diplomatique né en pleine Guerre froide

Le téléphone rouge, la ligne de communication directe entre la Maison blanche et le Kremlin, fête ses 60 ans. L'appareil a été mis en place le 30 août 1963 pour permettre à John Fitzgerald Kennedy et Nikita Khrouchtchev de communiquer rapidement. Retour sur son histoire.

Par Florence Dartois - Publié le 30.08.2023
25 ans du téléphone rouge - 1988 - 01:11 - vidéo
 

L'ANNIVERSAIRE.

Le « téléphone rouge » est entré en fonction le 30 août 1963, entre les États-Unis et l’Union soviétique. La mise en place de cette ligne directe faisait suite à une décision diplomatique prise grâce à un accord signé entre les deux pays et entré en vigueur le 20 juin 1963. En réalité, il ne s’agissait pas d'un « téléphone », mais d'un téléscripteur, un ancêtre du fax. Ce moyen de communication direct et crypté devait permettre aux deux présidents John Fitzgerald Kennedy et Nikita Khrouchtchev de communiquer de manière protégée et surtout immédiate.

Les deux pays sortaient d'un épisode dangereux de la Guerre froide, celui de la crise des missiles de Cuba. Lors de cette confrontation tendue, le monde avait frôlé une nouvelle guerre mondiale. En octobre 1962, au paroxysme de la crise, les tractations entre les deux pays avaient bien failli échouer faute de fluidité dans les échanges. Les décisions prises par les deux parties mettaient plus de six heures à arriver au destinataire par voie diplomatique.

Une fois le calme revenu, les deux états-majors réfléchirent à la mise en place d'un dispositif de communication fiable qui permettrait de prévenir toute escalade. Des tractations avaient déjà débuté quelques années plus tôt, sans suite, cette fois, l'accélération des négociations aboutit à la signature d'un accord le 20 juin 1963. La ligne en question entra en fonction le 30 août de la même année. L'archive ci-dessous, en anglais, relatait sa mise en service à la Maison Blanche.

L'ARCHIVE.

L'archive présentée en tête d'article revient en images sur l'histoire de ce « téléphone rouge ». Il s'agit d'un sujet diffusé dans le journal de TF1 diffusé en 1987, à l'occasion du 25e anniversaire de sa mise en fonction. Le commentaire rappelait qu'en pleine crise de Cuba, les États-Unis et l'URSS décidèrent de se donner les moyens de communiquer directement. Le journaliste expliquait qu'il ne s'agissait pas d'un téléphone, mais d'un « Télex, plus confidentiel et efficace ».

Au moment de ce sujet, les deux grands avouaient l'avoir utilisé « six fois », la dernière communication datant de 1983 « lors du bombardement américain au Liban ». En 1987, Ronald Reagan, alors président, proposait de remplacer le vieux télex par un « vidéophone ». « Rien d'étonnant à cela pour un ancien acteur », concluait le journaliste avec humour.

Une communication directe

Cet ancêtre du fax permettait l'échange de messages écrits, codés et transmis par un câble transatlantique construit en 1956. La référence à la couleur rouge était une manière symbolique d'évoquer le caractère urgent des communications. Sa mise en place allait jouer un grand rôle dans l'apaisement de la Guerre froide, permettant à la fois montrer une amélioration notable des relations entre les deux superpuissances et de rassurer les populations sur le risque de guerre nucléaire.

Le premier message envoyé en guise de test comportait toutes les lettres de l'alphabet et tous les chiffres arabes : « The quick brown fox jumped over the lazy dog’s back 1234567890» (le vif renard marron a sauté par-dessus le dos du chien fainéant 1234567890). Les Soviétiques avaient répondu par un poème russe.

La liaison fut testée quotidiennement dans les années qui suivirent pour vérifier le bon fonctionnement de la connexion.

Le « téléphone rouge » s'est amélioré au fil des années, grâce aux liaisons satellites (Intelsat) et (Molniya II) et à la possibilité d'ajouter des images et des vidéos, avec l'ajout d'un fax. En 2008, la fibre optique est devenue opérationnelle. Le nombre d’utilisations de cette ligne sécurisée reste un mystère. Elle aurait servi pendant les guerres israélo-arabes de 1967 et 1973, lors du conflit indo-pakistanais de 1971 ou encore lors de l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979.

La ligne aurait également servi lors de l'incendie de l'ambassade des États-Unis à Moscou en 1991. Depuis 1963, d'autres « téléphones rouges » se sont développés entre les différentes capitales mondiales, notamment Pékin. En 1996, la Chine établissait sa liaison sécurisée avec la Russie, puis avec les États-Unis deux ans plus tard.

Le « téléphone rouge » est à nouveau d'actualité. Quelques jours après le démarrage de la guerre en Ukraine, en mars 2022, avec les nouvelles menaces d’utilisation de l’arme nucléaire, les États-Unis et la Russie ont mis en place un nouveau canal téléphonique. Cette ligne relie directement le commandement américain en Europe au ministère russe de la Défense. À l'époque, John Kirby, le porte-parole du Pentagone avait assuré : « On sait qu'elle marche. Quand nous l'avons testée, ils ont décroché ».

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