C'est en 1949 que les nationalistes du Kuomintang, dirigés par Tchang Kaï-chek, s'installent à Taïwan (alors aussi connue sous le nom d'origine portugaise de Formose) pour échapper aux communistes de Mao Zedong qui instaurent le 1er octobre la République populaire de Chine. Les Etat-Unis reconnaissent alors dans le régime du Kuomintang la seule Chine légitime à leurs yeux. Provisoirement écarté par la guerre de Corée (1950-1953), le problème des deux Chine, continentale et Taïwan, resurgit au milieu des années 1950, avec la première crise du détroit de Taïwan, lorsque les communistes de Mao Zedong se lancent à l'assaut des îles Yijiangshan, de minuscules territoires contrôlés par Taïwan mais situés à quelques encablures de la Chine continentale.
Après des premiers combats fin 1954, la garnison nationaliste est détruite par les troupes communistes du 18 au 20 janvier 1955. Conséquence de cette première passe d'armes, un autre groupe d'îles, les îles Tachen, situées elles aussi bien plus au nord de Taïwan, et le long des côtés de la Chine communiste, sont à leur tour menacées par l'armée communiste. La bataille, du 19 janvier au 26 février, aboutit également à la perte par le régime de Taïwan de cet archipel. C'est cet épisode qu'illustre l'archive des Actualités françaises placée en tête d'article.
Le 17 février 1955, le reportage raconte : « Formose, devant laquelle croise la 7e flotte américaine. Sous sa protection, l'évacuation des îles Tachen se poursuit. Les familles des soldats de Tchang Kaï-chek sont transportées sur les unités américaines à Formose où elles doivent être rassemblées. Cependant à Quemoy, ou la plupart des troupes nationalistes des Tachen ont été regroupées pour renforcer la défense, se tient près à un assaut des armées de Mao Zedong. Les uniformes se rencontrent partout. Tchang Kaï-chek tient Quemoy pour indispensable à la défense de Formose. Et Quemoy est en état d'alerte. » Si les îles Tachen sont donc perdues à l'issue de cette crise pour les nationalistes du Kuomintang, ce ne sera pas le cas de l'île de Quemoy (Kinmen), située elle aussi juste en face de la Chine continentale, mais bien plus proche de l'île de Taïwan que les îles Yijiangshan et Tachen, et donc essentielles à la sécurité de Taïwan. Bombardée en 1955, Quemoy/Kinmen résiste et est toujours aujourd'hui sous souveraineté de Taïwan.
Cette première crise du détroit de Taïwan du début de l'année 1955, qui sera suivie d'une deuxième crise en 1958, si elle oppose Chinois communistes et Chinois du Kuomintang, implique aussi les Américains, qui assurent la logistique du transfert des nationalistes des îles disputées jusqu'à Taïwan. Surtout, par la résolution de Formose du 29 janvier 1955, le Congrès américain donnait toute latitude au président Eisenhower à employer si nécessaire la force pour défendre Taïwan. Devant l'intransigeance américaine, et des allusions à l'emploi de la force nucléaire par les Etats-Unis, la situation finit par se calmer entre Chine communiste et Taïwan, avant de connaître une nouvelle crise en 1958.
En 1972, un an après que l'ONU a décidé de confier le siège de la Chine au gouvernement communiste de Pékin, les Etats-Unis renouent avec Pékin par le voyage historique de Nixon en Chine. Sur la question épineuse de Taïwan, le communiqué de la Maison Blanche se veut conciliant : « Les Etats-Unis notent que les Chinois, de part et d’autre du détroit de Taïwan, affirment qu’il n’y a qu’une Chine et que Taïwan fait partie de la Chine. Le gouvernement des Etats-Unis ne conteste pas cette position. Il réaffirme son intérêt pour un règlement pacifique de la question de Taïwan par les Chinois eux-mêmes. »
Après une décennie de discussions au plus haut niveau entre les deux pays, les États-Unis et la République populaire de Chine annoncent le 15 décembre 1978 que les deux gouvernements allaient rétablir leurs relations diplomatiques le 1er janvier 1979. Malgré la politique de normalisation des relations des Etats-Unis avec Pékin, le Congrès américain vote la même année 1979 le « Taïwan Relations Act », qui engage les Etats-Unis à donner à l'île les moyens de se défendre.