Ah, le paradis… Ça fait rêver, non ? Eh bien, son histoire débute voici deux mille quatre cents ans avec une bande de mercenaires grecs venus visiter le jardin de Cyrus, un prince perse. Il y a là toute sorte d’arbres, de fleurs et d’animaux sauvages... Ils sont éblouis. « Comment se nomme cet endroit ? », demande leur chef Xenophon. « Pardez », répond le prince. En perse, langue de l’Iran antique, cela veut dire enclos. En grec ancien, cela devient paradeisos, le paradis, c’est-à-dire le jardin idéal.
Les années passent, et les Grecs lisent et relisent les mémoires de Xénophon. Ils rêvent des jardins fabuleux de Cyrus. Alexandre le Grand lui-même s’empresse de les visiter lorsqu’il s’empare de l’Empire perse en 331 avant Jésus Christ. Il découvre, émerveillé, les jardins suspendus de Babylone. Cette ville mythique du Moyen-Orient a même inspiré la Bible, puisque la tour de Babel vient du mot Babylone.
Au IIe siècle av. J.-C., des savants traduisent la Bible hébraïque en grec. Ils y mentionnent le jardin sacré d’Adam et Eve sous le nom de… Paradeisos, le paradis. Le mot Bible est lui-même inspiré de Byblos, cité du Proche Orient où l’on vendait alors les meilleurs papyrus… Papyrus qui a donné le mot papier.
Au Moyen Age, le paradis change de sens et devient le lieu de bonheur spirituel après la mort, qui rassemble les anges et les âmes des défunts. Déformé en parvis, ce mot désigne aussi le vestibule devant une église. Paradis qualifie également la partie la plus sûre d’un port. Ou la partie la plus haute d’un théâtre.
On s’en sert pour baptiser un fruit exotique, la pomme de paradis, ou banane. Puis la drogue, ce paradis artificiel. Puis une plage de rêve, forcément paradisiaque, et donc peuplée de jolis paradisiers, un oiseau de Papouasie. Jusqu’au paradis fiscal, sorte d’enclos réservé aux Grands de ce monde.
Et notre jardin, me direz-vous ? Ce mot descend du germanique gardo, c’est-à-dire clôture, lequel a également donné garden en anglais et jardinage en français… loin, bien loin du paradis terrestre.
Alors je récapitule. Un jardin, c’est bien, mais une plage paradisiaque, c’est mieux ! Tout ça à cause de la Bible et d’un petit paradis découvert en Perse en 401 avant Jésus Christ.
Décidément, ta langue en dit long !