L'ACTU.
Créé en 1904 et rénové en 1973, le centre d’accueil de la Société protectrice des animaux (SPA) Grammont de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) est le plus vieux des 216 refuges de France. C'est aussi celui qui réalise le plus d'adoptions en France (3500), c'est dire son importance.
Au cours du second semestre 2024, il va s'installer à un kilomètre de son lieu actuel et verra sa superficie doublée pour offrir de meilleures conditions d'accueil et de vie aux animaux. D’une superficie de 1,5 hectare, le nouveau refuge sera 3 fois plus grand que l'actuel et autonome en eau et électricité. Le coût du projet s'élève à 15 millions d'euros. Selon Jacques-Charles Fombonne, le président de la Société protectrice des Animaux (SPA) depuis 2018, il s'agit d'une nécessité pour continuer à offrir à l'ensemble de la population parisienne la possibilité d'abandonner ou d'adopter dans de bonnes conditions. Dans une interview accordée à France 3 Paris-Île-de-France, il expliquait en août 2023 l'importance de ce chantier : « Les locaux de Gennevilliers sont maintenant vétustes, et de moins en moins adaptés à une grosse capacité d'accueil comme celle qui est nécessaire en région parisienne. C'est le centre qui accueille le plus d'animaux en France parmi nos refuges. Il est donc important d'avoir un centre neuf et mieux équipé ».
LES ARCHIVES.
Le centre de Gennevilliers a été, dès les années 40, un précurseur dans la lutte contre l'euthanasie systématique des animaux errants. Le montage d'archives disponible en tête d'article revient sur ce combat de plusieurs décennies. L'euthanasie des animaux errants est longtemps restée une obligation légale pratiquée dans les fourrières et dans les refuges. Depuis l'après-guerre, le refuge de Gennevilliers n'a eu de cesse de stopper cette pratique et d'abolir l'euthanasie systématique et immédiate des animaux errants sur la voie publique.
Pour y parvenir, la SPA de Gennevilliers a donc multiplié les actions préventives comme le recueil et l'identification des animaux errants. En 1960, elle remportait une victoire cruciale en obtenant la gestion de la fourrière pour toute la région parisienne. Mais autrefois, comme aujourd'hui encore, le nombre d'abandons restait explosif ! Face à l'afflux d'animaux, la SPA de Gennevilliers n'avait d'autre choix que de recourir à l'euthanasie qu'elle combattait pourtant ! Un dilemme et un drame pour le personnel.
Variable d'ajustement
Dans les années 70-80, pour éviter la saturation et avoir une chance de supprimer un jour l'euthanasie, le centre Grammont multiplia les campagnes de communication, les appels aux dons et les campagnes d'adoptions. Mais l'euthanasie resta longtemps la variable d'ajustement comme le montre les images du quotidien d'un vétérinaire obligé de « piquer » 40 chiens par jour.
Dans les années 90, le refuge de Gennevilliers suffoquait sous le nombre des arrivées : 640 pensionnaires pour 382 places ! En 1996, la directrice menait une action choc. Elle fermait le centre aux abandons pour six mois et demandait l'aide des collectivités locales pour le financement de nouvelles antennes de la SPA. Pari réussi ! D'autres centres ouvrirent en Île-de-France faisant baisser la pression.
L'interdiction de l'euthanasie fait désormais partie des statuts de la SPA. On peut lire sur son site : « L'euthanasie est contre tous nos principes. Son interdiction fait d'ailleurs partie de nos statuts. Tous les animaux qui ne sont pas récupérés par leur propriétaire dans le délai légal sont ainsi placés dans les refuges SPA pour être proposés à l'adoption. »
Depuis 2014, la SPA a également mis en place un réseau de familles d'accueil partout en France, ce qui a permis de supprimer l'euthanasie, sauf pour raisons médicales. En 2018, seuls 418 animaux avaient été euthanasiés dans les refuges et maisons SPA du pays, selon l'association.
Les condamnés de l'été
Chaque année, le chiffre des abandons d'animaux de compagnie explose. En 1978, le magazine « 30 millions d'amis » se rendait à la SPA de Gennevilliers où, bien souvent, faute de place, il fallait euthanasier les animaux.