L'ACTU.
Et si la France passait massivement à la semaine de 4 jours ? En Picardie, une expérimentation d'un an va être lancée à l'Urssaf, dès le 1er mars 2022. Travailler du lundi au jeudi, sans perte de salaire, ce n’est pas nouveau comme le montre le montage d'archives présenté en tête d'article.
LES ARCHIVES.
L'expérience était déjà testée dès 1979 dans l'usine Banania implantée dans la Somme. Temps de travail : 10 heures par jour, donc 40 heures sur 4 jours. L’un des objectifs étant de dégager du temps de repos pour les salariés. Une décision plutôt bien accueillie, surtout par les mères de familles : « Ça a des avantages, car j’ai des enfants. Je peux les garder et faire mon ménage. Et en même temps, comme je fais 40 heures dans la semaine, ça me fait économiser une journée de nourrice », précisait une ouvrière.
En 1991, c'était au tour de l'entreprise Peugeot de Poissy de se lancer dans l'expérience, avec des avis mitigés parmi les ouvriers, certes heureux de travailler un jour de moins, mais fatigués par des journées de travail plus longues. À l’époque, la semaine de 4 jours ne faisait pas encore l’objet de réels débats politiques, mais les choses allaient changer en 1993. Un homme lançait le débat public, un économiste, son nom, Pierre Larrouturou.
Travailler moins pour embaucher
Aujourd’hui, élu député européen, il défend toujours la même idée. À l'époque, selon lui, travailler moins devait permettre à l’entreprise d’embaucher de nouvelles personnes, donc de réduire le taux de chômage. Il imaginait une semaine de 4 jours avec 32 heures de travail hebdomadaire, au lieu des 39 heures de l’époque : « C’est une idée très ancienne. Simplement, on l’a trouvée un peu utopique jusqu’à maintenant. Et puis hélas, on voit que les vieilles recettes ne marchent plus. Le chômage augmente. On se dit qu’il faut prendre le taureau par les cornes et la réduction du temps de travail est le bon moyen », déclarait-il alors.
Ce débat allait aboutir à la loi de Robien en 1996. Dans les entreprises volontaires, les employés pourraient travailler 32 heures sur 4 jours, au lieu de 39 heures sur 5 jours, et sans perdre de salaire. Une loi remplacée seulement deux ans plus tard, en 1998, par la loi Aubry, marquant l’arrivée de la semaine des 35 heures et l’apparition des RTT.
La semaine de 4 jours, c’est toujours possible au bon vouloir des entreprises. Aujourd’hui, le débat est de retour.