L’ACTU.
Depuis le 8 septembre au soir, le Maroc fait face à une situation de crise. Un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter a touché le pays. Il demeure le plus violent de l'histoire du royaume chérifien après celui d’Agadir en 1960. Le bilan fait état de 2600 morts, dont au moins quatre Français, et des milliers de blessés et sinistrés.
Le drame qui a frappé le Maroc n’a pas échappé à la communauté internationale qui s’active et s’organise pour apporter de l'aide. Cette solidarité est également révélatrice de questions diplomatiques cruciales par le refus ou l’absence de réponses du Maroc à certaines mains tendues, comme celle de la France ou encore des États-Unis.
L’ARCHIVE.
« En quelques secondes, le plus violent séisme de ces deux derniers siècles a rayé Agadir de la carte. » Le 29 février 1960 à 23h40, la ville d’Agadir au Maroc, autrefois surnommée la ville de l’éternel été, sombrait dans un hiver dramatique, victime d’un tremblement de terre. L’archive des « Actualités françaises » en tête d’article rapportait les faits. Le séisme d’une puissance de 5,7 sur l'échelle de Richter (selon la moyenne des estimations) dont l'épicentre se trouvait au centre d’Agadir avait rasé la quasi-totalité de la ville portuaire et engendré un tsunami sur près de 275 mètres.
« Ce qui avait été une des villes les plus brillantes du Maroc (...) n’était plus que ruine » indiquait le commentaire. « Voici ce qu’il reste » pouvait-on entendre de la part du journaliste alors que la caméra filmait des ruines silencieuses : il ne restait à peu près rien. Car, d’Agadir, ne demeuraient « que des immeubles éventrés et des tas de gravats. » Connu comme l’un des séismes le plus dévastateur du 20e siècle, « les bilans pessimistes des premières heures devaient être dépassés. » L'estimation finale des pertes donna raison aux prévisions annoncées par l’archive : entre 12 000 et 15 000 personnes perdirent la vie.
Une population sous le choc
« Au Maroc, en France, en Europe, tout le monde est resté glacé d’horreur devant la tragédie d’Agadir ». Dans ces pays, la presse, les télévisions et les radios relataient le récit de « ce drame et ses habitants ».
Dernière minute : la tragédie d'Agadir
1960 - 07:28 - vidéo
« Je sentais que c’était un malheur qui arrivait (...) je me sentais prisonnière (...) je pensais que la Terre était fendue » témoignait une Française interrogée dans l’archive ci-dessus. « J'étais effrayée, il fallait évacuer, on a dormi deux nuits dehors ». Les journalistes de « Cinq colonnes à la une » recueillaient des témoignages très durs.
Si ces derniers semblaient confus et saccadés par moment, c'était parce que la ville d’Agadir se muait en un spectacle de désolation décrit comme « atroce ». « Tout le monde [était] en chemise de nuit et pyjama, les enfants pieds nus (...) On se demandait d’une minute à l’autre si l’immeuble n’allait pas retomber », confiait la dernière femme interrogée. Les images d’archives de la ville détruites racontaient le traumatisme d’une population réveillée par un événement d’une violence rare.
Reconstruction et mémoire collective
Dès lors, la réaction de la communauté internationale fut vive et rapide. Les marins de la base aéronavale française, rapidement rejoints par les forces américaines, étaient mis à disposition des autorités locales et témoignaient d’une « première manifestation de la solidarité qui allait se généraliser ».
La reconstruction de la ville s’envisageait dès lors sous l’ordre de normes modernes pour éviter la résurgence d'un événement sismique similaire. Les 60 % à 90 % des bâtiments qui ne répondaient pas aux attentes parasismiques au moment de la catastrophe d’Agadir étaient tenus pour responsables du caractère catastrophique de cet épisode.
Ephéméride : ce jour-là à Agadir
1968 - 02:47 - vidéo
Mais, pour « retrouver le sourire et l’espoir » mentionné par la communauté internationale dans les images d’archives ci-dessus, reconstruire la ville ne suffisait pas. « Oublier les images les plus cruelles du drame » ce n’était pas seulement remplacer des ruines désolantes par de nouvelles constructions modernes, mais avant tout réparer le traumatisme de cette génération, car, comme le mentionnait la première archive, sur le visage des enfants se lisait « tout le tragique destin d’Agadir ».