Le rugby féminin est né un peu par hasard, c'est ce que racontait Henri Fléchon, le président de l’association française de rugby féminin (1975 à 1984) en 1981. Il expliquait qu'au départ les premières équipes s'étaient formées à l'initiative de lycéennes pour récolter des fonds contre la faim dans le monde : « Après ce match, les filles se sont prises au jeu et se sont dit pourquoi on ne continuerait pas ? Et ça a été la période folklorique du rugby féminin. On savait qu’il y avait une équipe à tel endroit, on savait qu’il y en avait une autre, on a commencé à faire des matchs comme ça, pour s’amuser. » Ces pionnières allaient créer l’Association française de rugby féminin. En 1971, elles lançaient un championnat de France. Parmi les doyennes, les Violettes de Bourg-en-Bresse, qui en 1974 rencontraient les Coquelicots de Tournus. L'occasion d'un commentaire sportif peu conventionnel à découvrir dans le montage : « 15 violettes et 15 coquelicots jurant sous la mêlée, sous l’œil amusé d’un arbitre tout à fait officiel, tel est le spectacle qui était offert à 500 spectateurs enthousiastes venus assister à Bourillot, au premier match de rugby féminin jamais présenté à Dijon. »
De la dérision à la reconnaissance
Les joueuses peu prises au sérieux se heurtaient à de nombreux a priori, notamment de la part du gouvernement lui-même, puisqu'en 1972, le secrétaire d’État aux sports, Marceau Crespin, déconseillait fortement la pratique du rugby aux femmes. Même réticence du côté de la Fédération française de rugby, pour qui il s'agissait d'un sport d’hommes. Mais leur obstination allait payer. En 1982, le rugby féminin était enfin reconnu par la fédération française et par son président Albert Ferrasse (président de 1968 à 1991), longtemps hostile, il expliquait ce revirement : « J’étais antiféministe dans le rugby à tous crans, je l’ai dit et proclamé pendant des années. Vous savez, dans la vie on dit qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas, alors je n’ai pas voulu rester imbécile, j’ai changé. », concluait-il penaud.
Un grand pas, car cette reconnaissance a permis aux femmes d’intégrer des écoles de rugby ou d’avoir des subventions. Une étape importante dans la professionnalisation du rugby féminin.
