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L'un des derniers entretiens de Robert Hébras, ultime survivant d'Oradour-sur-Glane

L'un des derniers entretiens de Robert Hébras, ultime survivant d'Oradour-sur-Glane

Robert Hébras, le dernier rescapé du massacre d'Oradour-sur-Glane en 1944, est mort le 11 février 2023, à l'âge de 97 ans. Dans ce village de Haute-Vienne, le 10 juin 1944, 643 personnes furent assassinées par les nazis. Les hommes exécutés, les femmes et enfants brûlés vifs. En 2022, Robert Hébras racontait à l'INA ce qu'il avait vécu.

Par Jérémie Gapin - Publié le 09.06.2022 - Mis à jour le 07.06.2024
 

Robert Hébras était le dernier survivant du massacre d’Oradour : « On n’imaginait pas qu’on puisse tuer des hommes comme ça. Et je ne parle pas des femmes et des enfants », confiait-il à la caméra de l'INA en 2022. Robert Hébras était à Oradour-sur-Glane ce funeste 10 juin 1944. Ce jour-là, le village fut investi par la division Waffen SS Das Reich et 643 personnes furent assassinées.

En 2022, Robert Hébras racontait : « Je vais voir ma petite sœur qui est à l’école [...] qui pleure parce qu’elle a peur. Je lui dis “mais ne t’inquiète pas, on va rentrer à la maison. Personne ne va te faire de mal.” Et je lui disais ça sincèrement. » Le dernier témoin français de ce massacre poursuivait : « Il y a un soldat qui s’est adressé à nous en français et il a dit “Tous ceux qui ont des armes, vous vous faîtes connaître." [...] Il a même précisé qu’il y avait des armes de guerre. Et tous ceux qui ne seront pas concernés, ils seront relâchés. »

Ce drame sera relaté dès le 29 septembre 1944 dans les « Actualités françaises ». « Les femmes et les enfants, on les a emmenés dans l’église. Et on les a mitraillés et brûlés vifs. Les hommes, on les a emmenés dans des granges et abattus et on a mis le feu à leur cadavre » explique le commentaire de l'époque.

Robert Hébras se souvenait plus précisément de l'enchaînement des événements : « A un moment donné, il y a un soldat qui était le chef, je pense. Il a fait le tour de notre groupe et il nous a fait signe de nous lever. Et le temps qu’il revienne à l’entrée de la grange, il y a une forte détonation dans le village. Là, c’est le signal de l’exécution des hommes… »

Caché dans une étable à cochons

643 personnes donc seront massacrées par les nazis. « Ici, tout est mort. Une ville incendiée, fusillée, torturée. Un désert qui fait penser au cataclysme » commentait le journaliste des « Actualités françaises » en 1944.

Six personnes ont survécu, dont Robert Hébras : « Je me suis caché dans une étable à cochons. [...] J’ai entendu parler français. [...] J’ai vu que c’était des gens que je connaissais. Ça a été un soulagement pour moi. »

Robert Hébras avait attendu le début des années 70 pour témoigner à la télé. En 1972, il expliquait l'importance du témoignage : « Aujourd’hui, je me rends compte que c’est important. À l’époque, je l’ai fait parce que je me suis toujours rapproché des enfants. Et puis j’ai rencontré des jeunes de la commune. Le centre de la mémoire n’existait pas. Et je les recevais dans les ruines pour leur expliquer ce qu’il s’était passé. »

« Aujourd’hui, il y a un message. On revit les massacres. Moi, ça me touche beaucoup. Malheureusement... j'ai peur que nos petits enfants et arrière-petits-enfants aient des soucis avec les prochaines guerres. Parce qu’il y aura d’autres guerres » concluait-il dans son entretien accordé à l'INA en 2022. Robert Hébras est mort en 2023.

Une version longue du témoignage de Robert Hébras est disponible ci-dessous :

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