C'était un discours historique. Ce 17 septembre 1981, le ministre de la Justice de l'époque Robert Badinter s'avance à la tribune de l'Assemblée nationale. Ces premiers mots sont directs : «Monsieur le président, Mesdames, Messieurs les députés, j'ai l'honneur au nom du gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort en France [...] La peine de mort est contraire à ce que l’humanité, depuis 2000 ans, a pensé de plus haut et rêvé de plus noble. Elle est contraire à la fois à l’esprit du christianisme et à l’esprit de la Révolution.»
S'en suit plus d'une heure d'un discours qui fait date, et dont vous pouvez retrouvez l'intégralité et sa retranscription sur notre site Lumni enseignement.
Le lendemain de ce discours, le 18 septembre 1981, les députés ont officiellement voté l’abolition de la peine de mort en France. Au matin de ce vote, un sondage publié dans la presse indiquait encore que 62 % des Français s’opposaient à la loi sur l’abolition.
35e pays au monde
Derrière cette loi historique, un homme donc : Robert Badinter. L’avocat, engagé dans ce combat dès les années 1970, en fera sa mission pendant des années. «Des assassins, il y en aura toujours. Mais une société qui veut avancer, cette société là doit se dépasser et refuser la loi du talion, la peine de mort. Sinon elle ne progressera pas», disait-il.
Son combat prendra une nouvelle tournure en 1981 avec l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand. Le nouveau président l'avait promis pendant sa campagne, il allait supprimer la peine de mort. «Dans le fort de ma conscience, je suis contre la peine de mort», avait-il affirmé pendant sa campagne. Cette promesse, il allait la tenir malgré une opinion publique réticente.
Après trois semaines de débat parlementaire, la peine de mort sera définitivement abolie le 9 octobre 1981. La France est le 35e pays au monde et le dernier pays d’Europe occidentale à le faire. Afin de d’éviter tout retour en arrière possible, le président Jacques Chirac a fait adopter un nouvel article (66-1) dans la loi constitutionnelle promulguée le 23 février 2007 indiquant explicitement : «Nul ne peut être condamné à la peine de mort».
Pour aller plus loin
Avec Lumni enseignement, retrouvez la transmission intégrale, en direct de l'Assemblée nationale le 17 septembre 1981, du discours de Robert Badinter sur l'abolition de la peine de mort. La séance était présidée par Christian Nucci.
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