15 novembre 1995. Alain Juppé est sûr de lui. Le premier ministre annonce une profonde réforme de la sécurité sociale et des retraites. Le texte prévoit plusieurs mesures, dont l’allongement de la durée de cotisations pour les fonctionnaires et les régimes spéciaux. Réponse immédiate des syndicats : l’appel à la mobilisation est lancé. Et il sera entendu. Le 24 novembre, des dizaines de milliers de Français sont dans les rues.
En plus des manifestations, les grèves s’installent. Elles sont très suivies dans la plupart des services publics et particulièrement chez les cheminots. Résultat : la France est paralysée. Plus aucun train, ni métro ne circule, … Les routes sont saturées.
Le 29 novembre 1995. Les manifestations et les blocages continuent mais Alain Juppé reste déterminé. Loin d’apaiser les tensions, la fermeté du Premier ministre durcit le mouvement. À Paris comme en région, les transports sont toujours à l’arrêt. Et parfois, du côté des usagers, les nerfs craquent.
Le ras le bol s’installe pour certains, mais 58% des Français estiment que le mouvement est légitime. Alors le 5 décembre 1995, Alain Juppé tente une ultime prise de parole. Les yeux dans les yeux, il veut convaincre les Français.
Rien n’y fait, la situation s’enlise. La manifestation du 12 décembre réunit 2 millions de personnes dans toute la France selon les syndicats. Du jamais vu depuis mai 68. Le gouvernement est au pied du mur.
Et un mois après sa présentation, Alain Juppé renoncera à son plan de réforme des retraites.