L'ACTU.
La Première ministre a exposé mardi 10 janvier le projet de loi du gouvernement en matière de retraite. Le texte devrait être débattu à l'Assemblée nationale durant l'hiver, pour une mise en application dès l'été 2023. Plusieurs thématiques sont concernées : âge de départ, pension minimale et régimes spéciaux. L'exécutif a prévu de reculer l'âge légal de départ à la retraite, actuellement fixé à 62 ans, de 2 ans.
L'ARCHIVE.
Le thème de l'âge de départ à la retraite est évoqué depuis des décennies sur les plateaux de télévision, mais l'archive que nous vous proposons de découvrir en tête d'article est plutôt surprenante. Il s'agit d'un extrait issu du magazine « 1970-1975-1980 », diffusé le 2 février 1968, sur la première chaîne. Ce jour-là le sujet de l'émission était « À propos de l’an 2000 ».
Jacques Bloch-Morhange s’entretenait avec Serge Antoine, directeur de la Revue 2000 et Michel Brulé, directeur de l'Institut français d'opinion publique (IFOP) sur la manière dont les Français imaginaient leur vie en l'an 2000. Pour dresser ce portrait du futur idéal, Serge Antoine avait demandé à l’IFOP d’interroger les Français sur plusieurs thèmes. Parmi les sujets abordés dans le sondage, un certain nombre de questions concernait les conditions de travail. Le panel interrogé s'était massivement prononcé pour un abaissement de l'âge de départ en retraite à 50 ans. En 1968, la durée de cotisation était de 30 ans (elle passerait à 37,5 en 1971, avec la loi Boulin), mais l'espérance de vie était plus basse qu'aujourd'hui avec 75,2 ans (85,4 en 2021) pour les femmes et 67,8 (79,3 en 2021) pour les hommes selon l'Insee.
Départ en retraite et progrès social
S’adressant directement aux téléspectateurs, Michel Brulé les mettait en garde contre une idée trop optimiste du départ en retraite en l'an 2000. : « Nous avons constaté qu'une large majorité de Français pensaient que l'âge de la retraite serait abaissé à 50 ans, avec d'ailleurs parallèlement un pourcentage assez important qui n'excluait pas qu'on allonge la durée de la vie humaine jusqu'à 100 ans »
Le sondeur signalait une contradiction entre l'abaissement de l'âge de la retraite et la prolongation de la vie humaine. Il expliquait que depuis la sortie de la guerre, l'opinion française était profondément attachée à cet abaissement de la durée du travail, bien ancrée dans l'imaginaire collectif, « parce que c'est perçu comme le sens dans lequel doit aller le progrès social », expliquait-il.
L'analyste alertait sur ce point dont il soulignait incohérence, pointant la notion d'allongement de la durée de vie avec celle du travail, un argument au cœur du débat aujourd'hui : « abaisser à 50 ans l'âge de la retraite pour une vie active en moyenne d'une quarantaine d'années, ça revient tout de même à la réduire d’un quart ce qui est énorme ! ». Il lançait un avertissement plutôt prémonitoire à l'auditoire : « il serait prudent de leur dire : 'Attention ! Il est relativement peu vraisemblable que ce soit dans cette direction-là que se fasse l'évolution' ».