Le 10 janvier, le gouvernement détaillera sa nouvelle réforme des retraites. L'un des points d'achoppement avec les syndicats est l’âge de la retraite que la Première ministre souhaite repousser à 65 ans. De leur côté, les organisations syndicales prévoient des grèves en janvier si le texte est maintenu. Depuis longtemps le dossier des retraites est un sujet épineux soumis à de multiples remaniements. Réformer les retraites, tous les gouvernements s'y attellent depuis des décennies. Le montage d'archives proposé en tête d'article revient sur les différentes réformes mises en place ou rejetées.
Premier exemple, en 1991. À cette époque, l’âge de départ à la retraite est fixé à 60 ans, à condition d’avoir cotisé 37 ans et demi. Mais inquiet du vieillissement croissant de la population et de ses conséquences sur l’équilibre du système de retraite, le premier ministre, Michel Rocard a des idées, pour préserver le système de répartition. L’allongement de la durée de cotisation. C’est la solution de Michel Rocard. Et ce le sera aussi pour ses successeurs. Sa proposition aboutira en 1993 avec le nouveau Premier ministre Edouard Balladur, mais uniquement pour le secteur privé. Deux ans plus tard, en 1995, son successeur Alain Juppé pense l'élargir au secteur public et les régimes spéciaux. Comme il le déclarait en septembre 1995 dans le 20 heures de France 2 : « Est-il normal que les uns cotisent 40 ans, les autres 37,5 ? Le précédent gouvernement a fait une réforme courageuse en portant à 40 ans la durée de cotisation sans doute faut-il poursuivre pour éviter les injustices. »
En novembre et décembre 1995, la mobilisation sociale contre la réforme Juppé sera forte, bloquant une grande partie de la France. Au point de faire renoncer le gouvernement.
Alignement du secteur public sur le privé
Mais huit ans plus tard, en 2003, autre tentative du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Sa nouvelle réforme des retraites vise encore une fois le secteur public. Elle est alors défendue par son ministre des Affaires sociales, François Fillon. En avril 2003, il déclarait : « À partir de 2008, quand tout le monde sera à 40 ans, nous mettrons en marche un dispositif qui visera à maintenir cet équilibre entre temps de retraite et temps de travail. »
Cette fois, malgré les contestations, le texte sera voté. La durée de cotisation passe donc aussi à 40 ans pour le secteur public. Mais François Fillon aimerait que les régimes spéciaux rejoignent la danse. En 2007, devenu Premier ministre de Nicolas Sarkozy, il s’y attelle et y parvient. « La mobilisation de l’automne n’y a rien fait, les cheminots, gaziers ou agents de la RATP passeront bien de 37,5 ans à 40 ans de cotisations en 2012 et le décret va plus loin 41 ans en 2016 pour tout le monde », annonçait-o dans le JT de 20 heures de F2 le 26 décembre 2007.
Trois ans plus tard, en 2010, autre réforme sous la présidence Sarkozy. Cette fois, elle est portée par son ministre du Travail. Eric Woerth obtient l’allongement de la durée de cotisation à 41 ans et demi et repousse l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans, un âge qu'il estimait alors « plus efficace à la fois socialement et économiquement ».
Augmenter l’âge de départ à la retraite. Depuis 2017, c’est aussi l'objectif d’Emmanuel Macron. Le président milite pour un départ à 65 ans. Une réforme qu’il avait confiée à Édouard Philippe, et maintenant à Élisabeth Borne.