« On m’a posé plusieurs fois une question qui m’amuse : "ça ne vous ennuie pas que les gens vous reconnaissent dans la rue, qu’ils vous abordent ?" Alors je voudrais tout simplement répondre que ça m’ennuierait profondément qu’avec tout le mal que je me suis donné, qu’ils me reconnaissent pas ! » Ces mots, ce sont ceux de Régine, la Reine des nuits parisiennes, disparue dimanche 1er mai à l'âge de 92 ans, en introduction de l'autoportrait que lui avait consacré France 3 en 1976.
Un autoportrait, et non un portrait, car c'est véritablement Régine qui se raconte à la caméra, depuis sa plus tendre enfance, déjà passée dans l'univers de la nuit, puisque son père « tenait un bistro », ses origines, « juives et polonaises », à son accomplissement, « bien sans sa peau », à 45 ans.
Celle qui a « voulu être ce que je suis », aimant la danse dès son plus jeune âge, raconte en ces termes la formule de son succès, ces boîtes de nuit qui ont fait sa notoriété, en France et dans le monde entier : « J’ai choisi une formule qui était celle du spectacle en intérieur, par des femmes, des hommes, de milieux divers. Il n’y a pas une rangée de jeunes femmes au bar [dans mes établissements]. On vient en couple, on vient en groupe, on vient pour retrouver des amis, pour trouver une ambiance, pour fuir sa solitude surement, en buvant un verre avec des amis, J’ai vu naître [dans mes établissements] des amitiés formidables, des amitiés qui sont plus durables que les amitiés d’enfance ou les fameuses amitiés qui naissent de famille en famille, des dévouements. Et beaucoup de gens solitaires, qui n’aiment pas rentrer chez eux.»
Le sens de la fête, Régine raconte le stimuler par la musique, avec « des disques qui viennent de tous les pays », mais aussi par « des nouveaux visages » et « le spectacle qui se passe sur la piste, [...] dans la salle ». La formule de la discothèque, qui peut nous paraître banale aujourd'hui, mais qui doit en fait tant à la passion de Régine pour le monde de la nuit.